C) L’effet organisation et gestion du groupe classe.

Chez plusieurs enseignants, nous avons relevé la volonté de faire travailler les élèves seuls ou par deux ou bien par trois alors que l’effectif classe est important. Les élèves vont alors faire un travail que l’on va appeler « d’individualisation de la tâche» et de « parcellisation du savoir ». Les enseignants sont plus déterminés par les problématiques de la gestion de l’effectif classe et de l’organisation rigide des actions à faire que par une volonté de rendre l’autonomie aux élèves. Ils savent qu’une menace permanente du désordre plane dans la classe.

À lire les écrits de l’enseignante débutante n°17 (leçon 1, situation d’apprentissage 4), les élèves travaillent en duos : passe à deux ou en course poursuite un contre un et cela sur plusieurs situations depuis le début du cycle. Il s’agit d’une classe de 26 élèves à laquelle est enseignée une activité collective dont on peut penser qu’elle requiert le plus grand nombre possible d’acteurs travaillant en même temps, alors que la plupart de ses propositions d’enseignement sont des situations privilégiant le travail individuel ou par deux. Par ailleurs, les élèves sont en colonnes (références aux croquis); le système d’organisation et de gestion du groupe est fait de rotations, de travail en aller retour sur le terrain, de temps d’attente, de travail par vague, etc. L’enseignante débutante isole volontairement les actions à faire, donc les « savoir faire », et elle multiplie les formes d’organisation de sa classe dans le but de maîtriser concrètement le savoir à enseigner ainsi que ces élèves. Elle semble confondre ce qui relève de la didactique avec l’organisation pédagogique, tant elle apparaît accaparée par la tenue de sa classe. Comment ne pas faire état avec Marguerite Altet297 que l’enseignant « cherche à la fois à "faire apprendre" et à "tenir la classe" » dans son intervention ?

Comme dans toutes les autres traces écrites, nous constatons une gestion combinée effectifs/savoirs. Dans cet exemple, l’organisation individualiste contribue à enseigner un savoir parcellaire et, réciproquement, la parcellisation impose une organisation.Comprises comme la gestion des effectifs et du déroulement des actions de chacun des élèves, les conditions organisationnelles influencent largement la forme de ce qu’il y a à apprendre en éducation physique et sportive. Autrement dit, les conceptions éducatives s’adaptent aux conditions d’enseignement et à l’expérience de la gestion d’un groupe classe.

Jacques Fiard remarque que les enseignants débutants rigidifient leur pratique dans des situations d’inconfort et qu’ils « s’enferment dans une didactique magistrocentrée, impositive et peu différenciée »298. Leurs traces écrites indiquent majoritairement ce type de didactique.

Notes
297.

Bru, M. Altet, M., & Blanchard-Laville, C. (2004). Déjà cité. (p.81).

298.

Fiard, J. (2006). Loin des nobles missions. Cahiers pédagogiques, 441. 22-24. (p.24).