Il y a plusieurs années on parlait de terrorisme comme étant « un phénomène quotidien… l’horreur banalisée… la mort par surprise et le sang dans la rue » 40 . Le terrorisme était subsidiaire et provisoire. Mais tout a changé au début du XXIe siècle avec les attentats du 11 septembre 2001. Le terrorisme, en se mondialisant, est devenu l’une des menaces les plus importantes pour les démocraties, voire « l’un des principaux acteurs de la quatrième guerre mondiale » 41 .
Même si la menace terroriste existait toujours sur la scène internationale, le 11 septembre 2001 a été l’acte fondateur du siècle nouveau. Les événements ont cristallisé la vulnérabilité des Etats, particulièrement des Etats démocratiques. En frappant les Etats-Unis aux cœurs symboliques de leur puissance économique et militaire, les auteurs des attentats ont créé les conditions de mise en place de nouvelles politiques de sécurité au plan international. Ces événements ont marqué le retour sur scène du terrorisme sous de nouvelles formes et ils ont réactualisé la mise sur agenda de la dimension internationale des politiques de sécurité. Selon Alain Bauer et Xavier Raufer42, la menace terroriste est une guerre sans précédent ni comparaison.
Le terrorisme est aujourd’hui l'un des problèmes les plus sérieux pour les Etats. Parce que selon eux, il porte atteinte à tous les principes moraux et juridiques de l’humanité. La démocratie et le terrorisme se sont opposés et ils continueront de s’opposer. On pense que le dernier est / sera l’une des préoccupations pour toutes les démocraties. Les Etats-Unis, la France, le Royaume Uni, l’Espagne, la Turquie et beaucoup d’autres sont / seront probablement les victimes de ce type de menace.
Le terrorisme signifie une menace non seulement pour les Etats, mais aussi pour les organisations internationales comme les Nations Unies (ONU), l’Organisation du Traité de l’Atlantique du Nord (OTAN) ou l’Organisation Internationale de Police Criminelle (INTERPOL). Depuis des années, notamment après le 11 septembre 2001, le Conseil de l’ONU essaye de mettre en place des politiques de sécurité et de projets contre ce type de menace. Pour l’OTAN, le terrorisme est la principale menace depuis la chute du mur de Berlin. Quant à elle, Interpol considère le terrorisme comme une grave menace pour la vie des individus et pour la sécurité nationale de ses pays membres.
Depuis la fin des années 1980, le terrorisme religieux est d’actualité et il fait écho au succès de la thèse de Samuel P. Huntington, professeur américain de science politique, sur le « choc des civilisations » 43 . Dans un article paru en 1993, Huntington soulignait une nouvelle configuration des conflits après la chute du Mur de Berlin, dominée par la confrontation de plusieurs systèmes culturels et religieux. Selon lui, les confucéens, les hindous, les islamistes, les slaves orthodoxes seraient les nouveaux acteurs de la nouvelle scène internationale de conflits. Mark Juergensmeyer décrit cette nouvelle configuration des conflits par la notion de « guerre cosmique » 44. Selon lui, ces conflits dépassent les simples intérêts des personnes et invoquent les grandes batailles d’un passé légendaire et une guerre métaphysique entre le bien et le mal. Ainsi, l’utilisation de la méthode terroriste gagne ici un caractère symbolique.
Les chiffres officiels confirment que le terrorisme religieux a augmenté au cours des dernières décennies du XXe siècle. En 1980, la liste des organisations terroristes internationales tenue par le Département d’Etat américain ne comportait pas une seule organisation religieuse. Actuellement, dans une liste de plus de trente organisations terroristes les plus dangereuses plus de la moitié sont des organisations religieuses, toutes croyances confondues.
Les membres des organisations terroristes religieuses se décrivent généralement comme des combattants de Dieu, des soldats de Dieu pour une mission sacrée, des ennemis du modernisme, des moudjahiddins, des seules et vrais croyants du monde et ils considèrent qu’ils luttent non seulement contre les gouvernements impies, les démocraties sataniques, les organisations internationales pionnières, mais aussi contre les sociétés athées, infidèles ou hérétiques. Quel que soit son nom, « la terreur au nom de Dieu », « la lutte contre Satan et les alliés de Satan », « la guerre sacrée » ou «le djihad dans le dar-el harb », il est évident que cette menace est / sera candidat pour être un des principaux enjeux de notre ère.
Il est possible de dire pour aujourd’hui qu’un attentat de l’ampleur du 11 septembre n’est plus possible. En effet, il n’y a plus de groupe leader. Ni Al-Qaida ni l’une des autres organisations terroristes ne disposent d’une capacité suffisante pour pouvoir réaliser seules, ce type d’attentats. Mais le plus dangereux aujourd’hui c’est l’augmentation des branches locales et autonomes des organisations terroristes, surtout celles d’Al-Qaida, dans le monde entier.
Il ne faut pas oublier que grâce aux nouvelles technologies de communication, la propagande, la désinformation et la communication des organisations terroristes religieuses sont de plus en plus faciles. Le soutien des organisations terroristes par certains Etats parrains n’a pas disparu et le terrorisme est encore l’un des instruments les plus efficaces et rentables pour ces Etats. La menace terroriste grandit de plus en plus via de nouvelles méthodes comme par exemple la menace NBCR (nucléaire, biologique, chimique et radiologique) ou le cyberterrorisme. Toute cette évolution augmente le degré de la menace terroriste pour tout dans le monde. Finalement, le terrorisme religieux représente un véritable danger dans notre monde, sur notre continent et en Turquie.
DISPOT Laurent, La Machine à terreur, révolution française et terrorisme, Paris, Grasset, 1978, 280p.
HUYGHE François Bernard, Quatrième guerre mondiale, faire mourir et faire croire, Edition du Rocher, 2004, p.53-84.
BAUER Alain et RAUFER Xavier, La Guerre ne fait que commencer, Paris, Gallimard, 2002, 484p.
HUNTINGTON Samuel P, Choc des civilisations, Paris, Odile Jacob, 2000, 545p.
JURGENSMEYER Mark, Au nom de Dieu, ils tuent !, op .cit., 237p.