Sous-section 4. Une brève présentation de la menace terroriste en Turquie

La menace du terrorisme en Turquie45 commence dès le début des années 1960, avec les activités d’extrême gauche, parallèlement à celles du monde entier. Dans les années suivantes, les organisations terroristes, d’abord séparatistes puis religieuses, sont nées comme de nouvelles menaces non seulement pour l’Etat et ses institutions mais également pour la société. Une période de plus de trente ans a été marquée par ce type de menace qui est aujourd’hui encore vivante et dangereuse.

Selon beaucoup de sources officielles46, il existait deux importants facteurs à l’origine du mouvement d’extrême gauche : les activités du Parti Communiste Turc (Turkiye Komunist Partisi - TKP) et les idées exportées des mouvements révolutionnaires du monde entier. En fait, le TKP a été fondé en 1920 à Baku et il a été actif pendant les premières années de naissance de la République de Turquie, par exemple dans la lutte contre l’impérialisme. Dès la fondation de la nouvelle République, le TKP a été recensé par le gouvernement républicain comme « dangereux » et il a été interdit en 1925. Malgré l’interdiction par la loi, le TKP n’a pas disparu et il a continué à s’organiser dans les universités et dans le monde des arts. En effet, il a été la seule organisation gauchiste jusqu’aux années 1960, et certains de ses membres 47 ont joué un rôle important pendant la naissance du mouvement d’extrême gauche.

Dès 1946, avec le passage au multipartisme, le système politico juridique turc a offert une large liberté et la censure sur les idées et les organisations a été légère. Particulièrement après les années 1960, cette liberté était au sommet et les ouvrages du monde socialiste, marxiste et communiste - Marx, Lénine et Mao etc. - et du monde latino-américain - Guevara, Marighella etc. - ont été traduits très vite en langue turque. En outre les auteurs et intellectuels turcs ont publié des ouvrages contenant des idées révolutionnaires. Ces ouvrages ont construit la base idéologique des activités et de mouvements de gauche et révolutionnaires en Turquie.

Dans les années 1950, la Turquie a connu pour la première fois dans son histoire républicaine, une confrontation sévère à la fois idéologique et politique. Les démocrates et les républicains étaient les acteurs politiques majeurs de cette confrontation. Dans ses origines, « les démocrates étaient ruraux et populistes, et les républicains étaient élitistes, urbains et supportés par l’intelligentsia » 48 mais les deux groupes politiques étaient loin de couvrir la grande partie de la population. Ils n’ont pas eu assez d’efforts pour résoudre les problèmes politiques et socio-économiques de la société, et les enjeux politiques et sociaux de la vie politique turque se sont confrontés à des problèmes sérieux notamment vers la fin des années 1950. Tous ces problèmes à la fois idéologiques et politiques ont entraîné l’intervention des militaires au début des années 1960.

L’armée turque qui avait été modernisée depuis 1945, est intervenue le 27 mai 1960, en bouleversant les données traditionnelles de la vie politique et en permettant l’émergence de réels changements. Suite à cette intervention, l’armée a continué à occuper une place importante dans la vie politique turque. Malgré cette intervention militaire, la Constitution de 1961 qui a été préparée dans une atmosphère difficile, a offert de larges et véritables droits et libertés pour les partis politiques, les groupes et organisations idéologiques. Cette période a été une bonne occasion pour les révolutionnaires et ces derniers se sont organisés dans tous les domaines - intellectuel, organisationnel, révolutionnaire - afin de mener une lutte contre les opposants. Au début le mouvement révolutionnaire a commencé par le désir d’avoir plus de liberté mais il s’est radicalisé de plus en plus et a évolué vers un terrorisme révolutionnaire.

Toutes les années 1960 sont marquées par le mouvement révolutionnaire.49 D’abord, les partis politiques, ensuite les syndicats des ouvriers et les fédérations des clubs d’idées, enfin les organisations terroristes en menant une lutte armée, ont joué de rôle important. Vers la fin des années 1960, la radicalisation de la gauche turque et la montée en puissance du terrorisme révolutionnaire ont commencé à paralyser et à menacer de plus en plus dangereusement le régime en place. La menace terroriste croissante et l’imminence d’un changement politique mal contrôlé ont entraîné une deuxième intervention des militaires en mars 1971.

Dès le début des années 1970, notamment à partir de 1973, les groupes d’extrême droite sont nés et se sont très vite organisés dans tous les domaines légaux et illégaux, à l’encontre des opposants de gauche et des révolutionnaires. « Particulièrement, les Loups Gris (Ulkucu) et les Attaquants (Akinci) ont suivi une lutte armée, par leurs organisations de jeunesse, contre les organisations terroristes révolutionnaires » 50 . Dans cette période, les Loups Gris ont été utilisés pour les objectifs des groupes et partis politiques d’extrême droite. Les Attaquants ont été considérés comme le premier groupe utilisant l’idéologie religieuse. La lutte armée entre les deux pôles - gauche et droite - a continué jusqu’au troisième coup d’Etat militaire en septembre 1980.

L’une dernière menace terroriste de cette période était celle des Arméniens. Les organisations terroristes arméniennes, l’Armée Secrète Arménienne pour la Libération de l’Arménie (ASALA ) et les Commandos de Justice pour le Génocide Arménien (CJGA ) ont suivi une stratégie terroriste contre l’Etat turc.51 Selon les terroristes Arméniens, les Turcs ont massacré des Arméniens en 1915 et ils ont fondé toute leur stratégie sur cette perception. Par contre, les autorités turques n’ont jamais accepté une telle accusation, car, selon elles, les deux peuples, les Turcs et les Arméniens, faisaient parties de l’Empire ottoman et plusieurs citoyens Turcs et Arméniens étaient morts dans des conflits pendant la Première Guerre Mondiale.

En fait, l’époque qui a duré jusqu'à la fin du XIXe siècle a été ‘l’âge d’or des Arméniens’ qui ont profité de tous les moyens52 parmi tous les autres peuples non musulmans. Malgré leur identité religieuse différente, les Arméniens ont l’occasion de préserver leur culture, leur histoire, leur langue et leur religion sous l’Empire ottoman. Après la proclamation de la République de Turquie en 1923, les Arméniens de Turquie ont préservé leur identité, leur religion et leur langue au sein du nouvel Etat turc. Actuellement, cent mille Arméniens vivent en Turquie, notamment à Istanbul et sont de nationalité turque. Les institutions arméniennes fonctionnent normalement.

Selon le chercheur turc Ercan Citlioglu, les organisations terroristes arméniennes, notamment ASALA, ont été utilisées par les différentes Etats comme un instrument de leurs objectifs politiques, économiques et stratégiques. En plus, cesdites organisations terroristes ont eu des bonnes relations avec le PKK et les groupes séparatistes.53 En effet, le terrorisme arménien a été la première vague de la menace terroriste internationale pour la Turquie et les terroristes arméniens ont assassiné plus de quarante diplomates turcs et membre de leurs familles dans le monde.

Au début des années 1980, il existait un chaos et des conflits sévères dans toute la Turquie. Le gouvernement de l’époque était incapable de résoudre des problèmes de la société et les partis politiques étaient au centre des conflits idéologiques. Les institutions étatiques s’étaient divisées idéologiquement et ne marchaient plus. La Police Nationale, elle-même, s’était divisée en deux groupes 54 idéologique et politique. Par exemple, lorsqu’il y avait des manifestations dans un endroit la Police Nationale intervenait sévèrement ou non selon l’idéologie des groupes manifestants. Les groupes radicaux et les organisations terroristes ont bien servi de ce contexte chaotique. Plusieurs organisations terroristes de toutes motivations, au moins vingt, sont nées pendant cette période et elles ont trouvé un climat favorable à la naissance et au développement organisationnel.

Lors que les militaires sont intervenus une troisième fois, le 12 septembre 1980, ils avaient assez d’arguments pour légitimer le coup d’Etat. Le gouvernement militaire est resté au gouvernement pendant trois ans et a pris des mesures sévères contre toutes les activités illégales organisées. Dans cette période de trois ans, les organisations terroristes n’ont pas pu passer à l’acte. Le gouvernement civil est retourné sur la scène en 1983 par le suffrage universel et une nouvelle période est commencée non seulement pour les autorités et institutions étatiques mais également pour les groupes radicaux et les organisations terroristes.

Le terrorisme séparatiste a commencé en 1984 par une attaque réalisée par le Parti des Travailleurs Kurdes (Partiya Karkeren Kurdistan - PKK ) à Eruh et à Semdinli, sont des petits villages à l’est de la Turquie. En fait, le PKK a été créé en 1978 afin de « fonder un Etat kurde indépendant aux confins de la Turquie, de l’Irak et de la Syrie  » 55 . Cette organisation terroriste a suivi une lutte armée, en restant active de 1984 jusqu’aujourd’hui. Dans une période de plus de trois décennies, plus de trente mille hommes sont morts à cause des activités terroristes du PKK56.

Les idées fondatrices des premières organisations terroristes religieuses, pour changer le système laïc de l’Etat par la coercition et fonder un Etat islamique sur le territoire turc, étaient nées juste avant le coup d’Etat militaire de 1980. Mais leurs leaders ont choisi d’attendre jusqu’au milieu des années 1980 pour compléter leurs organisations. Ces groupes terroristes sont passé à l’acte au début des années 1990. Vers la fin du siècle dernier, les actes de terrorisme religieux sont montés en puissance et sont plus violents. Près de dix organisations terroristes comme le Hizbullah ou les Combattants Islamiques du Grand Orient / Front (Islami Buyuk Dogu Akincilar / Cephe – IBDA/C), ont suivi une lutte armée contre l’Etat et ses institutions.

La menace du terrorisme religieux en Turquie n’est pas identique avec la menace terroriste actuellement présente en France ou dans beaucoup de pays occidentaux menacés, car les organisations terroristes religieuses en Turquie visent à fonder un Etat islamique dans un pays laïque 57 où 99% de la population est musulman. De l’autre côté, il est important de préciser que les organisations terroristes ont recruté58 des membres de cedite population musulmane résidente à l’intérieur et parfois à l’extérieur59 du pays et ont suivi une stratégie en instrumentalisant l’Islam (en utilisant les pratiques religieuses et en interprétant les textes religieux) comme principal argument de leurs activités illégales et violentes. En effet, le terrorisme religieux en Turquie représente une particularité par son objectif de fonder un Etat islamique.

Le 11 septembre 2001 a été un vecteur accélérateur de la montée en puissance de la menace terroriste. Les attaques contre les Etats-Unis ont donné du courage aux terroristes religieux, représentant un bon exemple à imiter. Lorsque les bombes explosaient à Istanbul en 2003 en tuant plus de soixante personnes, la Turquie a redécouvert la vie maintenue sous la menace terroriste religieuse. La plus importante remarque de cette période c’est la naissance des réseaux liés à Al-Qaida. Cette naissance-là a donné naissance à la deuxième vague du terrorisme international pour la Turquie, après celui d’arménien.

Selon Emre Kongar60, professeur turc de sociologie, aucune autre nation, n’est autant menacée par le terrorisme de multiples motivations internes et externes que la Turquie contemporaine. Andrew Mango61, chercheur américain, souligne sur ce point que le terrorisme en Turquie est une lutte acharnée depuis des années 1970. Comme l’a déclaré Gokhan Aydiner, directeur général de la Police Nationale turque, plus de cent organisations terroristes de toutes motivations sont encore actives sur le territoire turc62. Même si la Turquie est plus menacée par le PKK, les autres n’ont jamais quitté le terrain d’activité. La conjoncture mondiale d’après le 11 septembre et les tensions augmentées sur des zones de conflits, comme en Afghanistan ou en Irak, ont forcé ces organisations terroristes à se renouveler et à s’organiser.

Tableau I. 2 : Les organisations terroristes actives en Turquie
Motivation Actif Peu actif Organismes secondaires– légaux
Religieuse 5 9 6
Gauchiste – extrémiste 4 93 68
Séparatiste 1 19 66

Source: AYDINER Gokhan, “Terrorism in the world & in Turkey”, art.pp.1-6, in Turkish National Police (Foreign Relations Department), Istanbul Conference on Democracy & Global Security 2005, Ankara, Oncu Press, 2006, 821p.

Notes
45.

Nous reprenons la typologie du terrorisme élaborée par la Direction Centrale des Opérations et de la Lutte Contre le Terrorisme (Terorle Mucadele ve Harekat Dairesi Baskanligi - TEMUH) liée à la Direction Générale de la Police Nationale Turque (Emniyet Genel Mudurlugu - EGM). Voir les détails sur le site officiel de la TEMUH : http://www.egm.gov.tr/temuh/index.html .

46.

Il nous semble que le livre blanc du Gouvernement, Turkiye gercekleri ve terorizm (Les réalités de Turquie et le terrorisme), paru en 1973 et le livre blanc du Conseil Supérieur de l’Education, Turkiye’deki anarsi ve terorun gelismesi, sonuclari ve guvenlik kuvvetleriyle onlenmesi (La montée en puissance du terrorisme en Turquie, les conséquences et la prévention par les forces de sécurité), écrit en 1985, sont les principales source d’information des sources officielles. Il est possible de voir des phrases citées directement de cesdits ouvrages, dans les documents officieux des services de sécurité, notamment ceux de la Police Nationale.

47.

En effet, le Parti Communiste Turc avait pour but de « réaliser la révolution socialiste et de fonder le socialisme » et se considérait lui-même comme « l’instrument politique de la classe ouvrière qui était la force principale de la révolution socialiste ». En plus il proposait un modèle de sécurité intérieure fondé sur « l’organisation de services de sécurité convenable aux idéaux du socialisme et ouverte au contrôle du peuple ouvrier ». Ainsi, la participation de certains membres aux activités terroristes n’était pas une stratégie propre du TKP.

48.

BILLION Didier, La politique extérieure de la Turquie : une longue quête d’identité, Paris, L’Harmattan, 1997, p.37.

49.

Anonyme (Gouvernement), Turkiye gercekleri ve terorizm (Les réalités de Turquie et le terrorisme), Ankara, 1973, 210p.

50.

Anonyme (Yuksek Ogrenim Kurumu), Turkiye’deki anarsi ve terorun gelismesi, sonuclari ve guvenlik kuvvetleriyle onlenmesi (Le développement du terrorisme en Turquie, les conséquences et la prévention par les forces de sécurité), Ankara, YOK Yayinlari, 1985, p.59-64.

51.

Selon chercheur turc Sedat Laciner, directeur de l’Institut International pour la Recherche Stratégique, les premières activités du terrorisme arménien ont commencé sur le territoire de l’Empire ottoman vers la fin des années 1800, afin de fonder un Etat arménien indépendant. Le terrorisme arménien de XXe siècle a été suivant de ces activités séparatistes et les organisations terroristes arméniens ont été soutenues par les quelques différents Etats, notamment par leurs services secrets. Pour les détails, voir LACINER Sedat, « Yetmisli yillar ve ermeni terorizmi (Les années 1970 et le terrorisme arménien) », art.pp. 71-88, in Anonyme (Turkiye Cumhuriyeti Merkez Bankasi), Dunyada ve Turkiye’de teror (La terreur dans le monde et en Turquie), Ankara, TCMB, 2002, 275p.

52.

Les Arméniens ont été dispensés de faire le service militaire et de payer une partie des impôts, et ont eu la chance de s’élever dans les domaines de commerce, d’artisanat, d’agriculture et de gestion, et ont été acceptés comme ‘peuple fidèle’ attachée à l’Empire et s’étant uni avec le peuple Turc… Il y’en a qui ont eu des missions importantes dans l’Etat, étant sous-secrétaires et ministres, de la Marine, des Affaires étrangères, des Finances, des Trésors, des Transports etc. Pour les détails, voir le site www.ermenisorunu.gen.tr

53.

CITLIOGLU Ercan, Yedekteki taseron : ASALA (Le tâcheron a la traîne : ASALA), Ankara, Umit Yayincilik, 1998, 138p.

54.

Ces deux groupes étaient l’Association de Police (Polis Dernegi - POL-DER) et l’Union de Police (Polis Birligi - POL-BIR). POL-DER qui a été fondé en 1969, était la première association de la Police Nationale turque. A partir du milieu des années 1970, POL-DER s’est éloigné de sa mission et a gagné un caractère idéologique soutenant les activités politiques de gauche. Quant à POL-BIR, il a été fondé en 1978 par les policiers nationalistes comme alternatif de POL-DER. La Police Nationale signifiait la police du peuple pour POL-DER. Par contre POL-BIR la considérait comme la police de l’Etat. Les policiers de POL-DER soutenaient les étudiants et les activistes de gauche tandis que les policiers de POL-BIR gardaient les étudiants et les activistes nationalistes. A partir du juillet 1978 ces deux associations ont été interdites et les dirigeants et quelques membres ont été exclus de la Police Nationale. Depuis cette mauvaise expérience, les membres de la Police Nationale n’ont ni un droit syndical ni un droit d’adhésion à une association.

55.

L’objectif du PKK annoncée dans son programme de l’organisation est plus vaste et détaillé qu’on a précisée ci-dessus. Pour les détails, voir le site d’Internet officiel du PKK, www.pkk.org .

56.

Le PKK a changé de nom et il est devenu le KADEK (Congrès pour la liberté et la démocratie au Kurdistan) en avril 2002. Le PKK a annoncé ce changement de nom et de stratégie, le 16 avril 2002, après son 8e congrès. L’organisation terroriste précisait le changement de stratégie comme le renonce à la violence pour lutter pacifiquement. Mais on a vu dans les semaines suivantes que le PKK n’a jamais renoncé à sa stratégie de lutte armée et le PKK-KADEK n’a pas pu échappé aux listes des organisations terroristes définies par les autorités américaines et européennes. Le 06 novembre 2003 le PKK a changé une deuxième fois de nom et il est devenu KONGRA-GEL (Congrès Populaire du Kurdistan).

57.

Le système politique turc a été fondé sur les ruines de l’Empire ottoman en 1923 et l’institutionnalisation de la laïcité en Turquie date des origines de la République fondée par Atatürk. La laïcité en Turquie, comme en France, venait renforcer la légitimité d’un Etat autour des symboles non religieux. Ce type de légitimité a toujours critiquée par les groupes radicaux et les organisations terroristes religieuses non seulement comme une rupture complète avec un Empire ottoman qui a fondé sa légitimité sur la religion, mais également comme un système étranger et ennemi à la façon de vivre des turcs musulmans.

58.

C’est seulement dernières années que, notamment après le 11 septembre 2001, la branche turque d’Al-Qaida a pu recruter de quelques membres étrangers.

59.

Les organisations terroristes religieuses qui ont des activités en Turquie, ont également recruté plusieurs personnes à l’extérieur de la Turquie, notamment en Iran, en Syrie et en Allemagne.

60.

KONGAR Emre, Kuresel teror ve Turkiye (La Terreur globale et la Turquie), Istanbul, Remzi Kitabevi, 2002, 176p.

61.

MANGO Andrew, Turkey and the war on terror for thirty years we fought alone, London, Routledge, 2005, 109p.

62.

AYDINER Gokhan, “Terrorism in the world & in Turkey ”, art.pp.1-6, in Turkish National Police (Foreign Relations Department), Istanbul Conference on Democracy & Global Security 2005, Ankara, Oncu Press, 2006, 821p.