Depuis le début du siècle, le terrorisme et la lutte antiterroriste sont en actualité non seulement en Turquie mais également dans le monde entier. Les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, du 11 mars 2004 en Espagne et du 7 juillet 2005 en Angleterre ont tragiquement rappelé que la menace terroriste religieuse fait partie de notre vie quotidienne.96 Dans cette perspective, la nécessité de prendre des mesures contre une telle menace a été l’un des enjeux principaux pour les acteurs politiques, administratifs, juridiques et opérationnels.
Il ne passe pas de jours sans que les médias nationaux et internationaux parlent du terrorisme, des actes d’Al-Qaida, des organisations terroristes, des risques d’attentats ou des interventions des services de sécurité. Les médias, les professionnels ou le grand public consacrent régulièrement des dossiers spéciaux. Les chercheurs, les universitaires, les centres de recherche produisent de travaux, de dossiers ou de mémoires. Les gouvernements et les services de sécurité informent les citoyens en matière de leurs efforts pour assurer leur sécurité. L’opinion publique ne peut échapper ni à la réalité de la menace terroriste religieuse ni aux mesures de politiques de sécurité.
La question du terrorisme religieux est omniprésente dans l’actualité de la Turquie et elle occupe une place importante non seulement dans les débats et travaux des institutions de lutte antiterroriste mais également dans l’opinion publique. Parce que :
Dans cette perspective, les acteurs politiques ne peuvent jamais être désintéressés de ce type de sujet, parce qu’à chaque fois, le terrorisme religieux passe directement à leurs agendas politiques. Mais il faut préciser que les approches des partis politiques ne sont pas identiques. C’est-à-dire, les partis de droite disposaient d’une approche de lutte antiterroriste focalisée sur les organisations terroristes et les groupes radicaux, et ils n’ont pas considéré les confréries et les communautés religieuses comme dangereux pour l’Etat. Par contre, les partis de gauche soutenaient plutôt l’idée de l’intervention rigide non seulement contre les organisations terroristes et les groupes radicaux mais également contre les confréries et les communautés religieuses. En effet, comme les partis de droit étaient au pouvoir depuis 1983, ce sont eux qui ont construit la base des politiques antiterroristes.
L’actualité de la question réside également dans les débats juridiques. Depuis l’adoption en 1991, la loi relative à la lutte contre le terrorisme a été toujours l’un des enjeux importants, car, cette loi qui avait pour but d’assurer la sécurité de l’Etat et de ses citoyens contre la menace terroriste, s’intéressait directement aux droits de l’homme et aux libertés individuelles. En modifiant le contenu de cette loi dans les différentes périodes, les acteurs politiques sont restés en dilemme entre les volontés des services de sécurité et des défenseurs des libertés. Les services de sécurité voulaient de forcer leurs mains dans la lutte antiterroriste tandis que les défenseurs de libertés critiquaient les gouvernements d’avoir adopté de mesures sévères contre les libertés individuelles.
Ces dernières années, la modification de la loi antiterroriste est devenue l’une des politiques essentielles pour des acteurs politico juridiques. Deux facteurs ont joué un rôle majeur dans cette procédure : l’adoption des nouvelles lois contre le terrorisme dans les démocraties occidentales comme aux Etats-Unis, en France et au Royaume-Uni et les travaux d’adaptation du gouvernement turc aux normes juridiques européennes dans le cadre de l’adhésion à l’Union Européenne. La volonté de modification du gouvernement actuel sur la loi antiterroriste a été critiquée par une grande partie de la population comme d’être importée de la loi antiterroriste britannique et d’être dangereuse pour les libertés.
Quant aux services de sécurité, ils ont considéré le terrorisme religieux comme l’une des menaces les plus sérieuses des dernières années. C’est pour cette raison que, au sein desquels les unités antiterroristes ont eu un poids visible. L’actualité de la question au niveau politico juridique leur a permis de consacrer une grande partie de leurs efforts et effectifs et ils ont suivi une stratégie et politique institutionnelle centrée sur la lutte antiterroriste. Il est possible de saisir dans les bilans et les déclarations des dernières années annoncés par les services de sécurité que la lutte antiterroriste a été la mission principale et actuelle de leurs stratégies.
La lutte antiterroriste constitue une priorité dans l’actualité de la police turque et cette priorité se pose sur trois dimensions :
En effet, le terrorisme religieux est d’actualité en dépassant les frontières de l’intervention des services de sécurité. En plus, les mots comme le terrorisme, la guerre, l’attentat à la bombe, les attaques-suicides, le détournement d’avion et la lutte antiterroriste font aujourd’hui partie de la vie des gens ordinaires non seulement celle des adultes mais, comme l’a dit Marie-Claude Grau97, également celle des enfants.
Depuis le 11 septembre 2001, plusieurs attentats terroristes ont été réalisés dans les différents pays. Il est possible de citer quelques attentats, notamment ceux d’octobre 2002 et d’octobre 2005 à Bali, du mai 2003 à Casablanca, et du février 2007 en Alger. Quant aux attentats en Iraq, ils sont devenus, malheureusement, chroniques en répétant presque tous les jours et il est difficile de faire un bilan exact des pertes humaines.
GRAU Marie-Claude, Le terrorisme expliqué aux enfants, Québec, Stanké, 2002, 140p.