Depuis les années 1970, la Turquie a été la cible privilégiée des organisations terroristes de toutes motivations. Les organisations terroristes religieuses qui sont les acteurs de la scène terroriste depuis les années 1980, constituent aujourd’hui une menace croissante et sérieuse. Cinq organisations terroristes sont actives et neuf autres sont peu actives. Actuellement, le Hizbullah et la branche turque d’Al-Qaida sont les plus dangereuses parmi elles.
Le Hizbullah a fait l’objet d’une série d’opérations policières à partir de 1991, notamment en 1999, 2000 et 2001. Son chef a été tué et quelques leaders ont été arrêtés. La police a capturé des fichiers électroniques de l'organisation comprenant des disques de personnel. Des milliers de militants et sympathisants ont été interrogés, des centaines d’entre eux ont été mis en prison. Depuis ces opérations-là, le Hizbullah s’efforce à s’organiser.248 Il a changé sa stratégie d’action et a mené ses activités en dehors de la Turquie, notamment en Europe.
Source : La Direction Centrale des Opérations et de la Lutte Contre le Terrorisme, citée par Derya KILIC, Tespihin ipi koptu (Le fil du chapelet s’est détaché), op.cit., p.288.
Actuellement, le Hizbullah donne de l’importance à la propagande, publie des matériaux écrits, visuels et virtuels. Il suit également une stratégie sur le plan légal en restant loin des activités violentes. Cependant, selon les autorités et les experts, après avoir complété sa réorganisation, le Hizbullah retournera sur le terrain, et grâce à ses expériences, il sera plus dangereux, notamment par sa capacité personnelle.
La branche turque d’Al-Qaida et les différentes cellules suivent une stratégie parallèle à celle d’Al-Qaida. La police a réalisé des opérations réussies après les attentats d’Istanbul en 2003 et plusieurs membres ont été arrêtés et leurs plans d’actions ont été empêchés. Mais en ce moment, il y a des difficultés pour la police et les services de sécurité, car ces organisations fonctionnent quasiment sans centre de commandement et sont entièrement décentralisées. Ce type d’organisation rend difficile le travail des unités antiterroristes.
Les organisations terroristes religieuses se concentrent de plus en plus sur les attaques-suicides et l’utilisation de bombes à explosif. Ces actions violentes sont les plus efficaces et moins coûteuses afin de causer le maximum de dégâts, de destructions physiques et de pertes humaines. Si on accepte que les terroristes religieux visent à causer le maximum de dommage, ce type d’action leur paraît logique. En plus, du côté des terroristes religieux, notamment pour la branche turque d’Al-Qaida, le maximum de dommages est le seul langage que leurs ennemis comprennent.
Les Combattants Islamiques du Grand Orient (IBDA/C), L’Etat Islamique Fédératif Anatolien (AFID), Le Vasat-Selam et le Ceysullah sont les autres organisations actives sur le terrain. A l’heure actuelle, les chefs et quelques membres des comités dirigeants de ces quatre organisations ont été arrêtés et envoyés en prison. Mais en ce moment, leurs activités ne sont pas totalement épuisées. Il est probable que l’IBDA/C suivra une stratégie active, d’une part, par l’intermédiaire des associations et des publications légales et d’autre part, par la participation aux manifestations et provocations. Quant à l’AFID, ce dernier suivra une nouvelle stratégie qui permettra d’une nouvelle réorganisation, à partir de relâche de ses membres actuellement emprisonnés.
En effet, il est évident que le terrorisme religieux constituera une menace majeure en Turquie et les organisations terroristes religieuses resteront sur le terrain, car il y a toujours assez de potentiels en Turquie pour la réorganisation d’une organisation terroriste religieuse et le recrutement de nouveaux membres. Les crises politiques, l’insuffisance de politiques sociales, les problèmes socio-économiques, la méconnaissance de milieux pauvres et ignorants, les conséquences négatives de la mondialisation, les activités des services secrets étrangers et des Etats parrains, les activités des organisations terroristes internationales, l’utilisation de nouvelles technologies de l’information et de la communication etc. sont/seront les facteurs déclencheurs de ce type de problème majeur.
En Turquie, le Hizbullah était en train de s’organiser autour des associations Mustazaf-Der et la Police Nationale a réalisé multiples opérations notamment en 2007 et 2008.