Chapitre 1. L’échec global des institutions et des politiques antiterroristes : le manque de bonnes politiques de sécurité

En Turquie, depuis plus de quinze ans, le terrorisme religieux est considéré comme l’une des menaces les plus importantes pour l’Etat et la société et, les institutions concernées consacrent un grand effort afin de mettre en place des politiques antiterroristes. En effet, l’activité des institutions concernées, dans son ensemble, signifie un échec, car, il est vraiment difficile de parler de pertinence, d’efficacité, d’efficience et de cohérence de ces politiques contre le terrorisme religieux.

La pertinence d’une politique signifie l’adaptation de la théorie et des objectifs à la nature et à la distribution du problème à résoudre et à prendre en charge. C’est-à-dire, une politique de sécurité dite pertinente, si sa théorie d’action et ses objectifs sont bien adaptés à la nature de la menace. Lorsqu’on s’interroge sur la pertinence de politiques antiterroristes turques, il est difficile de parler d’une réelle pertinence, car, en matière de terrorisme religieux, ni la lutte antiterroriste, ni ses objectifs sont définis par l’ensemble des institutions concernées. Chaque institution, des politiques aux opérationnels, dispose d’une approche qui n’est pas identique que celle des autres.

Toute politique publique produit des effets propres dus à la politique elle-même, en dehors de l’influence du contexte et des autres facteurs exogènes. Les politiques de sécurité contre le terrorisme religieux ont des conséquences propres, non seulement pour la menace mais également pour la lutte elle-même. En mettant en rapport les effets escomptés avec ceux qui apparaissent dans la réalité, l’évaluation des politiques antiterroristes turques nous montre un manque d’efficacité, parce que, ces politiques n’ont permis, ni à empêcher la montée en puissance d’une telle menace, ni à forcer la qualité d’une telle lutte.

Comme toute politique publique a un coût, l’évaluation d’une politique de sécurité a pour but également d’améliorer l’efficience de cette dernière. En bonne logique, au moins secondaire, pour parler d’une réussite d’une politique de sécurité, il faut comparer les résultats de politiques avec des ressources dépensés. Même s’il est difficile de mesurer les dépenses consacrées des Etats en matière de lutte antiterroriste, quelques chiffres peuvent nous éclairer sur le coût d’une telle politique. Selon beaucoup de spécialistes, la lutte antiterroriste turque des trente dernières années, notamment contre le terrorisme séparatiste, a coûté plus de trois cents cents milliards dollars. En plus, ce type de dépense augmente de plus en plus dans les dépenses de l’Etat. Dans cette perspective, il est vraiment difficile de parler d’une efficience pour les politiques antiterroristes turques.

La lutte contre le terrorisme religieux nécessite également un système cohérent en se constituant d’un ensemble d’objectifs, de dispositifs réglementaires et organisationnels, et enfin de moyens humains et financiers. Les politiques antiterroristes turques se caractérisent, tout d’abord, par l’intervention de multiples institutions. Chaque institution intervient selon sa propre vision et avec ses propres méthodes. Les moyens humains et financiers ne sont pas bien organisés parmi les institutions concernées. Ainsi, il n’est pas possible de parler d’une volonté politique commune, et de moyens de lutte des services de sécurité, conformément aux volontés exprimées par les autorités politico administratives.

C’est pourquoi, notre premier chapitre sera consacré à présenter un bilan bref d’évaluation de politiques publiques de sécurité en essayant de voir ses conséquences sur le plan de la pertinence (Section 1), de lefficacité (Section 2) et de lefficience (Section 3).

Figure 3.1 : L’évaluation de politiques de sécurité turques contre le terrorisme religieux
Figure 3.1 : L’évaluation de politiques de sécurité turques contre le terrorisme religieux