Entretien avec Onder AYTAC

Doyen adjoint de la Faculté des Sciences de Sécurité, Académie de police

Directeur du Centre de Recherches Anti-drogue du Turkish Academy Against Drugs and Organized Crime (TADOC)

Ankara, le 15.11.2005, 16h00 – 18h00

Question 1 : En tant que doyen adjoint, pouvez-vous nous dire s’il existe une formation (études, programmes) dans votre Académie, sur le terrorisme religieux et la lutte antiterroriste ?

Réponse 1 : Dans notre faculté nous avons bien sûr des cours sur la police et la sécurité en général. Il y a un cours, La Sécurité de l’Etat et Renseignements Généraux, qu’on étudie en troisième et quatrième année de programme académique. Ce cours a pour but de donner suffisamment de renseignements sur le terrorisme et la lutte antiterroriste. Il y a un deuxième cours, Le Crime Organisé, pour les étudiants de quatrième année. Nous visons à apprendre par ce cours le fonctionnement et la structure d’une organisation criminelle. Ce cours est en ce moment complémentaire du premier. Je voudrais vous préciser aussi que nous organisons des conférences spécifiques sur la sécurité en général pendant toute l’année académique. Nous invitons des spécialistes, des chercheurs, des professionnels et des journalistes. Parfois nous invitons les experts qui donnent les informations nécessaires et actuelles sur le terrorisme et la lutte antiterroriste non seulement en Turquie mais également dans le monde entier. Pour les écoles de police, je peux vous dire qu’on étudie le cours de la Sécurité de l’Etat et Renseignement Généraux à peu près dans le même schéma que celui de la Faculté des Sciences de la Sécurité.

Comme le terrorisme est en actualité, chaque année, quelques étudiants de notre faculté choisissent de faire un mémoire sur ce type de sujet. A peu près 3 ou 5 étudiants travaillent avec nos professeurs comme Ihsan BAL et Idris BAL, qui sont des réels spécialistes du terrain. En fait, il y a des mémoires vraiment intéressants et sérieux à lire.

De l’autre côté, ni notre Académie ni notre faculté ne donnent une formation continue de la lutte antiterroriste pour les professionnels. Comme vous le savez, les directions centrales, telles que la Direction Centrale des Renseignements Généraux ou la Direction Centrale des Opérations et de la Lutte Contre le Terrorisme, donnent des formations continues et réalisent des programmes permanents pour son personnel et professionnels.

Dernier chose que je voudrais dire sur cette question, nous, moi et mes collègues, participons aux programmes et aux cours des autres institutions afin d’informer, théoriquement, les institutions concernées et leurs personnels. Par exemple, un nouveau centre international au sein de l’Etat-major, coordonné avec le secrétariat général de l’OTAN a été fondé à Ankara. Ce centre donne des formations en anglais sur le terrorisme et la lutte antiterroriste en général au personnel de tous les Etats membres de l’OTAN. Mon collègue Ihsan BAL et moi allons y aller pour donner des cours. Je crois qu’Ihsan BAL a commencé à donner des cours.

Question 2 : Je crois que vous avez écrit votre thèse sur « le terrorisme et les médias ». Quel est le rôle des médias turcs contre le terrorisme religieux ? Est-ce qu’il y a des différences entre les approches des différents groupes idéologiques –droite et gauche- des média ?

Réponse 2 : Oui, j’ai écrit ma thèse sur ce sujet, sur « les relations entre la terreur et les médias après le 11 septembre 2001 et l’approche de l’Etat ». Pour votre question, il n’est pas possible de dire qu’il existe assez de spécialistes du terrorisme dans les médias. Ainsi, les idées et les approches de quelques universitaires comme Dogu ERGIL, Ihsan BAL, Umit OZDAG, Deniz Ulke ARIBOGAN et de quelques ambassadeurs comme Sukru ELEKDAG et Gunduz AKTAN gagnent de l’importance dans les périodes extraordinaires et dans les crises. Lorsque le terrorisme est dans l’actualité, les pensées de ces hommes ci-dessus trouvent des échos dans les médias. De l’autre côté, je peux aussi vous citer quelques spécialistes du milieu journaliste comme Taner KISLALI du quotidien Radikal, Ugur MUMCU du Cumhuriyet et un peu Fehmi KORU du Yeni Safak. Mais en fait, il n’y a pas de vrais spécialistes du terrorisme.

Les médias turcs n’ont pas une politique sur le terrorisme. Leur approche change selon la force qui contrôle les instruments médiatiques. La source principale de l’information des médias sur le terrorisme est l’Etat lui-même. Les autorités étatiques informent les institutions médiatiques, selon leurs planifications et volontés, sur les événements terroristes pour informer la population. Par exemple, pendant qu’il y a des grands événements terroristes, les médias informent la population, il y a des infos, parce qu’il doit exister des infos pour que la population soit informée. Dans ces instances, chaque institution des médias cherche son spécialiste qui pourra parler sur les événements récents. Mais je peux vous dire que les médias ont des difficultés pour trouver des spécialistes. La Direction Centrale des Opérations et de la Lutte Contre le Terrorisme de la Direction Générale de la Police nationale est vraiment plus faible pour servir les médias dans ces périodes-là.

Je peux vous dire qu’il existe des approches différentes dans les médias sur les événements issues des activités de droite ou de gauche. Mais cette différence diminue lorsqu’il y a des attaques terroristes qui tuent des innocents. Le DHKP/C, le Hezbollah du sud-est et le PKK sont des organisations terroristes de différentes motivations idéologiques, et les médias attendent comme la population qu’elles soient pénalisées, parce qu’elles visent, en base, les innocents. En fait, du point de vue général, si l’on pense que l’école d’Aydinlik et du Cumhuriyet est la source générale de tous les médias, on peut dire et observer que le jargon et l’approche médiatique social-démocrate ou gauchiste est dominante dans l’interprétation et l’évaluation médiatique des événements terroristes. Il est vrai que ce jargon gauchiste est rituellement plus critiqueur et chercheur.

Question 3 : Quelle est l’approche des médias turcs contre le terrorisme religieux en Turquie ?

Réponse 3 : L’approche des médias turcs contre le terrorisme religieux n’est pas positive et bien sûr qu’il ne faut pas qu’elle soit positive. Mais il faut aussi dire qu’il n’existe plus de spécialiste dans le secteur des médias, sur le terrorisme religieux.

Question 4 : Quel a été l’approche générale des médias turcs sur les opérations réalisées contre l’organisation terroriste Hezbollah du sud-est, le 17 octobre 2000 à Istanbul, sur les événements du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, sur les attaques d’Istanbul 2003, et sur les événements qui se passent actuellement en Irak ?

Réponse 4 : Au début, pendant les événements de 2000 à Istanbul, les médias turcs n’ont pas pu faire une bonne analyse et une bonne évaluation. Il est possible de dire que les médias ont entraîné par les images visuelles, que la société turque se sent sans remède devant la menace terroriste. Mais après, notamment grâce aux informations des autorités compétentes, les médias ont trouvé le bon sang. En ce moment, il y a eu des doutes sur la vérification de quelques informations de quelques institutions dans les médias. Dans les jours suivants, chaque institution a pu avoir une bonne conclusion à l’aide de différents morceaux dont elle dispose, relatifs aux événements. La clé d’approche des médias, dans cette période, contre les événements terroristes a été de donner des informations au public. Pour les autres événements que vous m’avez demandés, les médias turcs ont toujours suivi la même stratégie.

Question 5 : Selon les services de sécurité, les organisations terroristes pratiquent généralement toutes sortes de trafics dans le monde. En raison des bénéfices qu’il génère, le trafic de stupéfiants est devenu le premier parmi eux. En tant que responsable du centre anti-drogue, est-ce que vous pouvez nous dire si les organisations terroristes religieuses ont des activités de trafic de drogues en Turquie ?

Réponse 5 : Je peux vous dire que les organisations terroristes sont de l’autre côté des organisations de crime organisé par le changement de nom. Les changements du système dans les anciens systèmes communistes, notamment, la période de changement du système en Russie soviétique, ont entraîné la construction de nouvelles organisations criminelles. Ces organisations, et bien sûr les organisations terroristes se s’ont efforcées de recourir aux activités à trouver facilement de l’argent. Dans ce contexte, elles pratiquent ce type d’activités car elles peuvent disposer facilement d’argent.

Question 6 : Est-ce que la police turque est réussie dans sa lutte contre le terrorisme religieux ?

Réponse 6 : La police est le service de sécurité le plus spécialiste dans la lutte contre le terrorisme religieux. Elle a plus d’expériences et de pratiques en matière de lutte antiterroriste. Lorsque vous voyez les chiffres officielles, le nombre des militants du Hizbullah, intercepté dans une année par la police, est identique au nombre de militants du PKK, arrêtés sur quinze années. En plus, les dépenses économiques de la police dans cette lutte sont plus moins de celles de la lutte contre le PKK. La police a assez d’expérience et de capacité sur ce domaine et elle a réussi, dans les dernières années, en réalisant des opérations semblables dans presque chaque département en Turquie.

En plus, même si beaucoup d’attaques terroristes considérées comme celles d’Al-Qaida, n’ont pas clairement été identifiées depuis des années, les attentats d’Istanbul en 2003 contre les intérêts britanniques et les synagogues ont été mis en lumière dans un très court délai avec les travaux réussis de la police turque.

Merci beaucoup.

Moi je vous remercie et je souhaite pleine de réussites dans votre travail.