Entretien avec Ihsan BAL

Professeur des universités, Académie de police

Directeur du Centre de Recherche contre le terrorisme au sein de TADOC

Ankara, le 16.11.2005, 16h00 – 18h00

Question 1 : Qu’est-ce que vous pouvez conseiller pour la réussite des politiques antiterroristes  dans le cadre de démocratie et des libertés individuelles?

Réponse 1 : Si le terrorisme continue dans un pays, la première chose à faire est la prise de l’initiative antiterroriste par des autorités concernées compétentes. Ces dernières doivent mieux savoir les stratégies des organisations terroristes et mieux répondre aux arguments et propagandes terroristes. Le principal critère qui assure une réussite antiterroriste dans un Etat de droit, est de suivre une stratégie antiterroriste dans le cadre de démocratie et des libertés individuelles. L’un des principales fautes est la perte de légitimité des institutions concernées par l’éloignement des critères démocratiques et légitimes.

Question 2 : Quels sont vos conseils pour encourager les recherches scientifiques en matière de lutte contre le terrorisme ?

Réponse 2 : Je crois que la lutte contre le terrorisme se pose sur deux cibles, le terrorisme et le terroriste. D’abord, il faut faire des débats clairs pour mieux comprendre le problème, car l’enjeu de lutte antiterroriste ne doit pas être considérée comme un tabou. Ensuite, les chercheurs qui travaillent scientifiquement et systématiquement sur la question doivent être encouragés sensiblement. Enfin, les autorités et institutions concernées doivent prendre des mesures à partir des travaux, des analyses et des statistiques scientifiques mais pas des slogans ni des complots de théories. Et la Police Nationale, notamment ses unités concernées, doit mieux suivre les conséquences de ces travaux scientifiques.

Question 3 : Comment les autorités concernées peuvent mieux coordonner la lutte contre le terrorisme et partager les rôles parmi les institutions concernées ?

Réponse3 : Je dois d’abord vous dire que la lutte contre le terroriste est l’affaire des institutions opérationnelles et juridiques, car une action terroriste, elle-même, joue un rôle pendant la définition de la stratégie antiterroriste. Bien sûr que ce sont des unités policières qui suivront les terroristes, et des unités de renseignements qui chercheront les terroristes qui produisent des bombes dans des cellules terroristes. En plus, les terroristes interpellés seront envoyés en prison après des processus juridiques. Jusqu’ici, c’est une lutte contre le terroriste et les unités opérationnelles et juridiques sont des acteurs de ce processus. Quant à la lutte contre le terrorisme, elle est un domaine de lutte où les autorités et institutions politiques sont les principaux acteurs. Le critère qui renforce l’Etat dans ce domaine est l’augmentation des alternatifs de lutte contre le terrorisme. Le milieu intellectuel et la société doivent participer à ce domaine, car la lutte contre le terrorisme est en effet un domaine de politique et de sociologie. Ce type de coordination ou de partage assurera une réussite.

Question 4 : Alors, comment vous évaluez les politiques antiterroristes ?

Réponse 4 : Il n’est pas possible de parler d’une lutte efficace et réussite, car la principale analyse de la lutte antiterroriste en Turquie est que la lutte contre le terrorisme a été considérée par l’Etat et les institutions concernées comme une lutte contre les terroristes. Il est évident que l’Etat turc a pris une distance non négligeable pendant quarante années. Cependant cette distance n’a pas été suffisante pour mettre la fin à la menace terroriste.

Merci beaucoup.

Moi je vous remercie et bons courages.