Entretien avec Murat YILDIZ

Commissaire de police, chargé au sein de l’Organisation pour la Sécurité et la coopétaion en Europe (OSCE),

Entretien réalisé par l’Internet, le 29 avril 2007, 20h00-22h00.

Question 1 : Comment trouvez-vous la participation de la Turquie (politico administrative et juridique) à la lutte antiterroriste internationale ? Qu’est-ce qu’elle peut faire pour une participation efficace ?

Réponse 1 : La lutte antiterroriste internationale est un enjeu multidimensionnel. Au niveau politique, les Etats disposent généralement d’une approche subjective issue de leur intérêt propre. Il est possible de parler de l’existence d’une lutte internationale, par contre les intérêts propres des Etats sont dominants pendant la mise en place de cesdites politiques. Le manque d’une définition commune du terrorisme est le reflet attendu de ce type d’approche. Il est difficile de dire que l’existence de plusieurs organisations internationales - globales ou locales – assure suffisamment un effort attendu afin de coordonner tout effort international. Sur ce point, le problème le plus important est le manque de sincérité internationale. Plusieurs unités ont été créées comme symboliques. Il existe une coopération entre les services de sécurité et le mécanisme judiciaire au niveau local, cependant ce type de coopération ne constitue pas une synergie au niveau international. En fait, le terrorisme lui-même est un instrument de politique internationale. C’est pour cette raison que les organisations terroristes ont été / sont soutenues au niveau international.

Au niveau de la participation de la Turquie, je peux vous dire que la Turquie a, d’abord, des difficultés propres en portant le problème du terrorisme au niveau international. Cependant elle a pris une distance visible, notamment ces dernières années. Dans cette perspective, sa participation aux activités et missions des organisations internationales constitue un petit exemple, mais pas une force ou un effort politique, car il n’est pas possible, pour aujourd’hui, de parler d’une solution internationale marquée et précisée par la Turquie en matière de lutte internationale contre le terrorisme.

Question 2 : Comment évaluez-vous cette participation au niveau du plan opérationnel, notamment à l’égard des services de sécurité ? Si nécessaire, comment peut-on augmenter la qualité de cette participation ?

Réponse 2 : La lutte opérationnelle antiterroriste n’est qu’un reflet de la politique étrangère et de l’équilibre des forces. Par exemple, il faut d’abord une relation politique réelle entre deux Etats pour une bonne coopération technique bilatérale. Il faut deux choses pour une participation efficace d’un Etat dans la lutte antiterroriste internationale : une force politique et économique, et la consécration de cette dernière pour l’effort internationale. C’est-à-dire, au niveau international non complexe, l’Etat qui est fort politiquement et qui finance plus économiquement, joue un rôle majeur et important. Si un Etat ne participe pas à la mise en place d’une politique, ses efforts opérationnels ne signifieront pas beaucoup de choses. Par exemple, la Turquie a assumé plusieurs fois le commandement d’ISAF (International Security Assistance Force) ou bien celui de l’opération militaire internationale en Bosnie, mais il est difficile de parler de prendre le commandement dans le cadre de mécanisme décisionnel. Ce type de commandement est plutôt symbolique. De l’autre côté, je n’ai pas assez d’informations en matière de relation des services de renseignement et des unités militaires.

Question 3 : Qu’est-ce que vous pensez de la participation de la police turque dans cette lutte ? Qu’est-ce que vous proposez pour une participation active de la police turque, notamment dans le cadre des missions internationales d’Interpol, d’Europol, des Nations Unies, d’OTAN ou d’Europe ?

Réponse 3 : En matière de lutte contre le terrorisme, les approches, les compétences et les responsabilités de cesdites organisations sont diversifiées. Les Nations Unies ont assumé une responsabilité importante dans quelques missions et assurent un soutien technique et de formation. L’Union Européenne a nommé un coordinateur et s’est efforcée pour l’échange d’information et les opérations communes parmi les Etats membres. Cependant Europol est encore loin d’être un service de sécurité européen. Les missions policières européennes ressemblent à celles de l’OSCE. Les missions militaires concernent la lutte antiterroriste mais plutôt représentent une mission de défense. Ici, la lutte plus précise se réalise par les unités de l’OTAN. La démarche à suivre de ce dernier se pose, en effet, sur une politique étrangère efficace, une lutte opérationnelle active et des politiques sociales qui alimentent les deux dernières.

Question 4. Une dernière question... Qu’est-ce que vous pensez de la participation de la Police turque à la lutte antiterroriste de l’OSCE ? Quels sont vos idées et vos conseils ?

Réponse 4 : En matière de lutte antiterroriste, l’OSCE assure un soutien limité comme par exemple les mesures relatives à augmenter la capacité intellectuelle par l’intermédiaire des séminaires et des conférences. La Turquie en tant qu’Etat qui a accepté de lutter contre le terrorisme sur son sol, a consacré beaucoup d’efforts pour les travaux de l’OSCE. Il est possible de dire que la participation de la Turquie aux missions de l’OSCE est assez suffisante.

Je vous remercie pour ces informations.

C’est moi qui vous remercie.