2-3 Orsenna

Après avoir enlevé l’OR, graphèmes avec lesquels elle participe à la configuration de l’orage, Orsenna donne à lire à la fois « senne » et « scène ». Ces derniers sont inclus en anagramme dans son réseau onomastique : /orS3Na/-/S3N/. La première définit Orsenna comme un filet entré dans le filet d’anagramme, alors que la deuxième phonique apparaît à la fin du récit dans la parole du vieux Danilo : « Orsenna est entrée en scène maintenant. Orsenna ne reculera pas »49. Orsenna devient désormais une « scène » de représentation ouverte par les « trois coups de canons », mais que le récit escamote. Le récit détermine ici son projet littéraire qui se définit par l’illusion non pas du réel mais du théâtre, c’est-à-dire illusion d’une illusion.

Ortello, domaine du vieux Carlo, est le seul toponyme qui forme un lien paronymique avec Orsenna. La redondance du nombre des lettres, la position similaire des graphèmes : Or+consonne+e+2 consonnes identiques+voyelle, le définissent comme la terre par excellence d’Orsenna. Son rôle dans le récit est fixé comme toponyme confirmant parfaitement la géographie du Pays. D’autre part, le rapport paragrammatique d’Orsenna avec ses autres villes, surtout l’Amirauté des Syrtes, est illustré depuis les consonnes sonores : S, R. Par un réarrangement des lettres Orsenna préfigure l’anagramme « rose », connue comme l’emblème du pays. Mais elle annonce dans un autre endroit son écrasement prochain, puisque les graphèmes du nom propre côtoient dans une seule phrase le mot « mort ». La nouvelle figure du paragramme est motivée par la conjonction des deux éléments graphiques [or] :

‘« […] un demi-cercle de lumières inégales cernait l’eau gardée, comme la rangée de flotteurs d’une senne : les douces, les pacifiantes lumières d’Orsenna, pareilles aux yeux ouverts d’un mort montant leur garde endormie sur la mer apprivoisée »50. ’

La deuxième série paragrammatique articulée autour des graphèmes OR révèle le contenu du filet-Orsenna.

Notes
49.

Le Rivage des Syrtes, p. 833.

50.

Ibid.,p. 727.