3- Kérantec

C’est le seul toponyme imaginaire que nous pouvons relever dans Un beau ténébreux. Il relève du procédé auquel Gracq se réfère dans l’invention des noms de lieux dans sonœuvre romanesque. L’ambiguïté l’enveloppe : nous ne savons pas exactement s’il désigne un pays ou une ville. Les deux termes reviennent dans la parole du narrateur-personnage. Cette ambiguïté renvoie probablement à l’hétérogénéité de l’œuvre dans sa substance. La description donnée célèbre un paysage triste dont les éléments s’apparentent à celui d’Argol : plage vide, port désert, ciel gris, château en ruines.

Le rapport paragrammatique qu’il tisse avec les autres toponymes semble faible. Le château de Roscaër est l’unique paragramme inscrit dans la graphie du toponyme. La motivation est élaborée à partir de la consonne [r] et de la consonne sèche [k] que marquent les parties initiale et finale du nom propre. Le [k] est considéré comme le phonème essentiel dans la constitution du système onomastique concernant ce nom de lieu53.

Notes
53.

Cela sera étudié plus loin dans les pages où nous parlons du rapport entre toponyme et anthroponyme.