IV- Topographie et géographie

Gracq se distingue par son goût pour les cartes et les paysages. Il aime travailler beaucoup, affirmait-il dans un entretien avec Jean-Louis Tissier, sur la carte d’état major, particulièrement expressive pour ce qui concerne les formes de la terre. Cette passion se rapporte évidemment à la première année de ses études de géographie à l’université, où il a découvert pour la première fois la carte géologique. La fonction de celle-ci s’harmonise bien avec son goût des cryptogrammes et des clés qui aident à décoder un message obscur. Ainsi, la carte géologique124 a le privilège de lui accorder « l’impression d’être une espèce de clé magique qui permettait de déchiffrer les formes du terrain, une clé que les autres n’avaient pas et qu’[il] avait l’impression de posséder ». Quant à sa passion précoce pour le paysage, elle est effectivement due à la lecture de Jules Verne qui agrandit chez lui l’amour du paysage :

‘« J’ai eu assez vite le goût de regarder les paysages. Si je voyageais, il était assez difficile de me décoller de la vitre du wagon »125. ’

Ces goûts, Gracq les transmet à ses personnages. Promeneur, observateur, factionnaire à la frontière, le personnage gracquien se différencie par ces deux types de regards portés sur la carte et sur le paysage. Carte et paysage restent comme deux matériaux essentiels qui aboutissent non seulement à dévisager la face de la terre, mais aussi à construire l’espace de la fiction.

Notes
124.

La géologie est une « étude de la composition, de la structure et de l’évolution de la Terre, ainsi que des processus qui s’y déroulent au sein de ses enveloppes gazeuse, liquide et rocheuse ». La géologie dynamique « décrit et explique les phénomènes qui se déroulent dans la litho-sphère et à sa surface ». GEORGE, Pierre et Fernand VERGER (dir.). Dictionnaire de la géographie. Paris : Presses Universitaires de France, 2000, p. 216.

125.

GRACQ, Julien. Entretien avec Jean-Louis Tissier. op. cit., p. 1193.