Première partie
L’identité/ l’Altérité : « je » face à l’Autre

Chapitre I . Le sujet : identité / altérité

Il s’agira dans la première partie de notre étude qui comporte deux chapitres intitulés le sujet : identité et altérité, et les composantes de l’altérité, de nommer et faire ressortir les composantes ou figures de l’altérité chez nos trois poètes à travers l’analyse de certains de leurs poèmes, ce qui constituera notre deuxième chapitre. Nous citons parmi ces composantes les choses, le minéral, le végétal, l’humain.

Dans le premier chapitre, nous nous arrêterons d’abord à l’identité du « je » face à l’Autre. Il sera question en premier lieu du « je » de la poésie par rapport aux autres domaines ou disciplines telle la science, dans son évolution et ce qui le caractérise, sa spécificité, sa finalité : sa différence. Nous tenterons ainsi de voir comment est perçue la poésie par les autres domaines, comment elle se positionne elle-même par rapport à ces domaines-là, face à eux ou bien à leurs côtés ? Puis nous nous poserons la question du pourquoi de la poésie et nous interrogerons sur ce qu’elle apporte au poète.

Nous traiterons ensuite l’idée du « je » du poète face à l’Autre, du rapport qui les lie, les distingue ou les sépare. Et se poseront à nous des questions telles que : insatisfaits poètes, que cherchent-ils dans la poésie ? Que leur apporte le poème ? Est-il par son langage propre, poétique, un espoir d’une possible satisfaction ou est-ce tout autre que cela ? Combien de fois la question « à quoi bon la poésie » s’est vue posée, faut-il se poser la question de la finalité de la poésie ? A-t-elle une mission dans le monde ?Prenons ici l’exemple d’un de nos trois poètes, Guillevic, qui, à la question pourquoi il écrit, répond pour s’étonner lui-même. La poésie ou l’écriture, chez lui, s’avère être, comme nous pouvons le constater, une activité personnelle dans sa finalité. La poésie est sujet à tout ce questionnement. Nous tenterons d’y apporter des éléments de réponse dans notre premier chapitre et tout au long de notre étude.

On pourrait se demander pourquoi soulever ici la question de la poésie face aux autres disciplines et arts. Nous dirons que c’est tout simplement parce que dans le « je » et l’Autre, nous lisons autant le poète et son identité que la poésie et son identité. En d’autres termes, il est nécessaire de traiter la question dans le domaine du poétique et en dehors de lui. C’est ainsi que s’affirme la poésie par rapport à elle-même, à son univers propre - les poètes entre eux- et à ce qui l’entoure et qui la nourrit d’une façon ou d’une autre, à travers le rapport des poètes à des personnes qui comme eux portent un regard sur le monde, tentent de l’exprimer pour mieux le comprendre mais ne recourent pas au même langage et ont un regard « autre » sur le même monde.

Maintenant, nous nous proposons de nous intéresser de près à l’opposition pour ne point dire à une guerre datant depuis toujours et qui place la poésie et la science, l’une face à l’autre, dans deux camps qui s’opposent. Ces deux domaines ont-ils la même manière de percevoir le monde, se donnent-ils le même rôle dans la vie ? Sont-ils opposés ou complémentaires ? Voilà des éléments que nous tenterons de traiter ici sous le titre de Sciences et poésie.