6. Le végétal et l’altérité chez Frénaud, Gaspar et Guillevic

La nature a été chantée par tant et tant de poètes, écrivains, peintres ou musiciens, chacun à sa manière, à travers le temps. Or, nous pouvons dire que si des objets et thèmes sont apparus dans la littérature moderne et contemporaine alors qu’ils étaient impensables ou impossibles avant, la nature, elle, occupe désormais une place différente. Elle n’est plus le simple reflet de nos sentiments comme chez les romantiques par exemple mais bien un élément à part, un être comme tous les autres, et qui a par conséquent sa propre intégrité comme l’être humain. Elle n’est plus cette nature avec un N majuscule, idéalisée et peut-être divinisée. Elle est plutôt ancrée dans notre vie quotidienne la plus simple.

Nous nous proposons ici de nous attarder sur l’étude du végétal comme composante de l’altérité. Nous nous interrogerons dans un premier temps sur le rapport entre le temps, que nos trois poètes placent au cœur du végétal, et le végétal. Pour ensuite passer à des exemples précis d’éléments de la nature végétale que nous retrouvons chez nos poètes. Nous verrons alors ensemble des figures comme celles de l’arbre, que nous étudierons sous le titre l’arbre, une altérité généreuse, de la fleur et des fruits, dans notre troisième sous-chapitre intitulé fleur et fruit, un accueil chaleureux ; nous tenterons de mettre l’accent sur le rapport entretenu par le poète, le sujet, avec ces éléments végétaux-là et vice-versa. Un rapport qui passe par un certain langage où le pronom « tu » est attribué quelquefois au végétal par rapport à un sujet « je », ou bien le végétal et l’homme dans le poème sont, tous deux, désignés à pied d’égalité chacun par le pronom « il » et le sujet quant à lui peut être dans ce cas absent ou neutre. Sous notre quatrième point, nous étudierons ce à quoi nous renvoie le végétal en terme de verdure, de fraîcheur, mais que nos poètes associent également à la chaleur. Et pour conclure avec le sujet du végétal, nous évoquerons dans notre cinquième point le fameux paradoxe de la ville et de la campagne où le végétal n’a certainement pas la même présence, ni expansion. Et de là, nous parlerons d’une couleur de la ville et, par opposition, d’une couleur de la campagne. Par contre, et concernant Gaspar et son univers poétique spécifique, il sera question du désert, thème qui nous semblerait être de loin en relation avec le végétal. Pourtant, nous verrons plus bas comment le désert, qui prend une ampleur et une envergure si importantes dans l’expérience de la vie selon Gaspar, n’est pas tout à fait à l’encontre du végétal.