Deuxième partie
La quête de l’Autre entre pertes et retrouvailles

‘Nous sommes perdus. On nous a fait de faux rapports.
C’est depuis le début du voyage.
Il n’y avait pas de route
Il n’y a pas de lumière.
Et nous poursuivons en murmurant contre nous,
Tous les trois brouillés autant qu’un seul
Peut l’être avec lui-même.
Et le monde rêve à travers notre marche
Dans l’herbe des bas-lieux. Et ils espèrent,
Quand nous nous sommes trompés de chemin. 
(R.M., p.129-130)’

Tous les éléments qui pourraient faire dévier nos poètes de leur quête et l’abandonner, en faire un échec, sont présents ; que ce soit la lassitude, la haine, le désespoir, la solitude, l’orgueil. Or, d’autres éléments tout aussi présents maintiennent la nécessité et la continuité de la quête et son esprit. Il sera intéressant de voir comment chaque poète se positionne face à tous ces éléments paradoxaux ou, d’une autre façon, comment ces derniers agissent sur chacun de nos poètes dans leurs propres expérience et épreuve de la vie.

Le rapport à l’Autre s’inscrit dans une quête et extérieure (plutôt physique et spatiale) et intérieure (plutôt « spirituelle » et intime) par rapport à une altérité qui l’est aussi de son côté, c’est-à-dire extérieure aussi bien qu’intérieure. Cette altérité est l’objet de notre regard, de notre toucher, comme les végétaux, les choses,…etc. et, dans une relation plus complexe et plus intime, elle est plus en affaire avec le soi, intérieure par conséquent. Avant d’aborder la question de la quête de l’Autre qui se situe et se trouve tiraillée entre échecs, pertes, d’un côté et, d’un autre, retrouvailles, il faut préciser que pour qu’il y ait rapport de quelle nature que ce soit, il faut qu’il y ait déjà rencontre.

Après la tentative qui a consisté dans la première partie à définir l’altérité et, surtout, comment elle se présentait en particulier chez nos trois poètes, nous nous poserons ici les questions suivantes : comment et à quelles conditions nous pourrions aller à la rencontre des composantes et figures de l’altérité pour nouer des liens avec elles ? Après quoi nous étudierons la nature des démarches et conditions à emprunter pour une meilleure connaissance de l’Autre et un meilleur rapport à l’Autre - pour que la rencontre puisse s’opérer efficacement et qu’elle évolue dans le sens d’un lien, d’une relation et d’un rapport communs, réciproques, soudés et bien forts -, il est donc nécessaire de nous intéresser aux importantes figures de la quête chez chacun de nos trois poètes.