Chapitre VII. Gaspar

« A tort ou à raison il me semble que c’est cette limitation insurmontable qui me pousse vers l’expression dite artistique, qu’il s’agisse de poésie, de musique, de peinture, de sculpture, de danse, etc. La photographie que je pratique également depuis l’âge de douze ans, fait, pour moi et pour quelques autres, partie des arts, le cinéma aussi.123 » Il s’agit bien de notre poète Gaspar, chirurgien polyglotte qui a pratiqué plusieurs sports et s’est intéressé aux différentes formes d’art comme la musique, il jouait du piano, il a aussi pratiqué la danse et bien sûr la photographie comme dans Mouvementé de mots et de couleurs, un ouvrage de photographies de Gaspar et de poèmes de James Sacré124. Ce sont, comme notre poète le dit lui-même, la conscience et le sentiment du fini, de notre limitation inéluctable qui l’ont poussé à être actif et créateur dans divers domaines. Toutes ces formes artistiques convergent dans une même et seule quête, dans ce cas, mais elles opèrent différemment.

Quel genre de rapport se crée dans l’univers de la poésie et du langage entre les différentes composantes qui l’occupent ? Et qu’apporte-t-il au poète et aux autres ? Nous nous interrogerons d’abord sur les caractéristiques du langage « autre » en poésie, en tant que présence, pour ensuite traiter du paradoxe, entre le « dire la vie » et l’échec, qu’offre l’image de la langue brûlée et d’où émane la beauté chez Gaspar. Et nous conclurons avec la place et le rôle des autres arts chez Gaspar.

Nous nous proposons de nous consacrer maintenant au langage gasparien, à ce qu’il apporte en tant que forme d’approche du réel parmi tant d’autres, en tant que présence puisque pour lui c’est de présence qu’il s’agit. Nous nous consacrerons également à l’homme, poète ou lecteur, qualifié d’organe du langage. Nous essaierons de montrer le rapport qui lie les trois éléments lecteur, poète et langage, tel que réunis dans l’expérience du langage poétique.

Notes
123.

Conf. Annexe 4.

124.

James Sacré est né en 1939. D’abord instituteur puis instituteur itinérant agricole, il part, en 1965, vivre aux États-Unis où il poursuit des études de lettres (thèse sur la poésie de la fin du XVIe siècle français). Il y enseigne dans une université du Massachusetts (Smith College). Reconnue par ses pairs, son œuvre occupe le cœur des débats contemporains, et a inspiré de nombreuses études, revues et anthologies, lui est entièrement dédiée. Plusieurs poètes déclarent être profondément influencés par son écriture unique. Il vit à Montpellier depuis 2001.