24. Puissance du langage guillevicien : simplicité, laconisme et pauvreté

‘ Les mots sont des épées
Contre les ventres des brouillards. 
(Art p., p.168)’

« Chaque poète a son langage, le mien est ce qu’il est. Il n’est pas le fruit d’une décision mais le fruit naturel de moi-même. (…) Je cherche à être simple, clair, précis. (…) Ma poésie est bien aimée dans les écoles, (…) C’est le langage pour connaître la vie, pour la toucher, pour la sentir. (…) » (Progeso Marin, Entretien avec Eugène Guillevic)147 » Pour Guillevic, écrire en poésie, ne pouvait pas se décider comme pour un métier, c’était une naissance à lui-même, au monde, un acte parfaitement naturel, sans aucun calcul. C’est avec ces mots-ci que Guillevic parle de son propre langage poétique : simplicité, clarté, précision. Avec la poésie, on est porté au cœur de la vie pour une meilleure connaissance, un « savoir la vie », mais y est favorisé aussi un contact sensible (« toucher », « sentir ») physique nécessaire à notre être-là, participant au tout, avec le tout, dans l’univers. Avec les mots, nous appréhendons le monde, notre peur, et apprenons le monde :

‘Les mots
C’est pour savoir.
Quand tu regardes l’arbre et dis le mot : tissu,
Tu crois savoir et toucher même
Ce qui s’y fait (…)

Et la peur
est presque partie (T, p.157) ’

s’agit bien selon ce poème et spécialement dans les deux premiers vers d’un savoir dans le fait absolu. On a l’impression que le savoir et la connaissance, selon Guillevic, ne sont pas pur intellect, il ne s’agit peut-être pas de savoir sur quelque chose mais de savoir avec la chose. Viennent alors des éléments qui participent à ce savoir, d’une manière plus sensible comme le regard, le toucher, la parole, tous se rallient, concourent à « savoir » non sur la réalité, ni sur l’altérité, mais « ce qui s’y fait ».

Ce n’est qu’à travers les mots qui ouvrent le poème, grâce au poème, à une connaissance sensible, profonde et réelle de l’Autre que le poète ou l’homme appréhende sa peur. C’est d’une même matière du sensible et de la réciprocité qu’est fait le langage guillevicien. Le poème dans ses mots est rigueur, précision, concision, mais ce n’est pas une structure figée, ni dure. Le langage est, selon Guillevic, une matière à travailler mais où on habite et où on se crée des rapports aussi, c’est donc un lieu poreux qui respire :

‘Ce n’est pas de marbre que tu rêves
Pour ton poème, (…)
Tu rêverais plutôt
D’un grand bouquet
D’herbes, de feuilles, de pétales
Où l’on pourrait se loger,
(…)  (Art p., p. 204)’

C’est tout un questionnement sur le poème qui a lieu pendant l’écriture avec la forme négative dans « ce n’est pas de marbre » et le conditionnel dans « tu rêverais », en plus du mot « plutôt ». Cela révèle toute une quête du poème, mais aussi celle du poète et de ce qu’il rêve avoir dans le poème, un espace, un lieu, où loger. Habiter mais aussi renaître avec l’univers, faire renaître le contact à travers le mot. Quand nous disions, dans la deuxième partie, qu’il y a renaissance avec l’Autre, c’est aussi renaître avec le monde dans ou à travers le poème et le langage dont il s’agit, car

‘Le poème
Nous met au monde.  (Art p., p. 291)’

Si le langage est une matière qui attend d’être maniée, sculptée, si l’écriture est un « faire » de rigueur comme du fil de fer, alors

‘Écrire (...)
C’est faire, avec de la ficelle
Du fil de fer,
(...)  (Inc., p. 72) ’

Elle est ainsi dans une rigueur et une réduction au minimum, à l’essentiel, (dans le peu (« fil ») et dans la force (« fer »)) bref, elle est un domaine de pauvreté :

‘ il te faut de la pauvreté/ Dans ton domaine (…)/ Ta chambre intérieure est un lieu de pauvreté.  (Art p., p.170)  

Une pauvreté bien concrète et réelle dans le peu d’objets présents autour de Guillevic et marquant le niveau de vie du poète, de sa famille, depuis son enfance. Mais sa pauvreté devient, ou est, d’un autre côté, un point de force, une arme puissante pour la poésie guillevicienne :

‘ Les mots sont des épées
Contre les ventres des brouillards.  (Art p., p. 168)’

Si les mots sont des épées, c’est dans leur rigueur et brièveté, mais aussi dans leur précision. Une précision que le poète s’efforce d’acquérir, de trouver, de connaître, dans un univers immense et mystérieux, sans toujours y parvenir (« Le mystère de l’univers se répercute dans le langage, qui sera elliptique. 148») Car les mots lui résistent dans des langues qui nous échappent, dans une part d’altérité que nous ne saisissons jamais et qui restera toujours à aborder, à appréhender, à découvrir, à apprivoiser et à connaître :

‘Les mots, mes mots
Ne se laissent pas faire (…)

Et toute langue
Est étrangère(T., p.138)

Ce lieu du langage est de rigueur, de silence, et pour qu’il soit habitable pour le poète, il faut lui arracher des mots, ce peu de mots, les faire sortir et ressortir du reste, de ce tout « brouillards » étranger, dans le sens qu’il ne cède pas facilement, si ce n’est jamais :

‘Sur l’air,
Comme on fait sur une ardoise,
Écrire des mots
Arrachés aux alentours. (Art p., p. 205)’

Si Guillevic ne cherche pas ou si, comme dans un des poèmes cités plus haut, il ne rêve pas que son poème et ses mots soient de marbre, c’est parce qu’il sait que ce n’est pas possible. Par contre, il est conscient que pour apprivoiser un mot et en faire « une épée contre le ventre des brouillards », il est devant un travail éprouvant, quant à l’appréhension de chaque mot :

‘Chaque mot a ses falaises.
C’est avec leurs parois
Que j’ai d’abord à faire.

Je découvre leurs entrailles
Ou bien je les pénètre
Avec la complicité d’autres mots.

Quand je suis dedans,
Le mot et moi, nous conversons.

Il m’aide, lui, à ressentir
Comment tient le monde. (M., p.94)’

Et il n’est plus question de marbre, mais de falaises, de parois, tout un périple que le poète est sensé traverser, connaître et surmonter. Le mot est voyage, expérience, savoir et dialogue et il s’agit pour Guillevic de pénétrer chaque mot, de le découvrir, de le connaître et d’établir un rapport avec lui, tel qu’il le faisait avec chaque chose, chaque objet. C’est, en effet, grâce aux mots qu’il arrive à pénétrer l’immense et haute enceinte et à se voir, à se sentir, à même le secret du monde et de la vie. Les mots participent dans la notion du savoir guillevicien à lier le poète d’un contact sensible avec le monde, avec ses secrets, ses profondeurs et ses origines :

‘Lorsque l’on réussit
Avec les mots,

Le jour lui-même
Se parle. (M., p.95)’

Tentant d’apprivoiser le monde et son silence, le poète est effectivement devant une épreuve dans le langage poétique, il est, par conséquent, sans cesse confronté à l’échec et à la réussite. Probablement plus à l’échec qu’à la réussite. Or, lorsque le poète réussit, la lumière fuse et se propage avec les mots et la nuit de l’échec et des brouillards et l’épaisseur des falaises et parois, elles, se dissipent. Transparence, clarté, communication, dialogue, sont tous connus en chaque chose et le rapport est entrepris au-dedans, avec le soi de chacun :

‘Où suis-je
Le plus moi-même,

Dans ma partie
Profonde et noire

Ou dans ma partie
Plus ou moins mobile
Et plus ou moins claire ? (Mot., p.147) ’

C’est dans sa réussite avec les mots que le poète arrive à exprimer sa séparation d’avec le monde et la souffrance ressentie dans l’intime, que le jour se lève au-dedans et apporte une certaine transparence et lumière et que le rapport est créé entre le dehors et le dedans, entre les différents visages du paradoxe, « profonde et noire » et/ou « plus ou moins mobile et plus ou moins claire ». Ces différents visages font le visage du poète, celui de la vie, et ils sont à l’image du paradoxe entre horizontalité et verticalité dans la poésie de Guillevic. 

Nous avons parlé, un peu plus haut, de la prédominance du vertical surtout avec l’idée du creusement et de la profondeur  chez Guillevic, de la verticalité s’opposant à l’horizontal comme l’étendue (temps, étangs…) : « Deux ordres s’opposent constamment : celui de l’étendue, du temps, de l’étang et celui de la verticalité stabilisée, qu’elle soit minérale : les menhirs, ou végétale. Tout se passe comme si le poète avait pris conscience qu’écrire supposait ou plutôt entraînait, pour lui aussi, une conversion du premier au second.» (Préface Art p., p.13) C’est pour cela que ses poèmes, son langage poétique, sont « verticaux » dans leur recherche, très courts, silencieux, dressés comme des menhirs, très fortement enracinés dans le sol, ou des arbres enracinés dans la terre également. La position verticale et l’enracinement du minéral, thème récurrent chez Guillevic, s’inscrivent dans la présence au monde, telle que le poète l’expérimente ou la vit tous les jours et dans le langage poétique :

‘ Les menhirs de Carnac
Sont autant de poèmes
Que le ciel et le vent
Cherchent à se dédier (Art p., p. 212)’

Nous pensons que les éléments se réunissent tous, liés par leur être-là, mais aussi par un rapport, qui serait celui de « se dédier » l’un à l’autre. Il y a les menhirs, le ciel et le vent mais, en parallèle, il y aurait aussi le poème, le poète et le lecteur, toujours dans un jeu de dédicace et de dialogue. Les poèmes sont enracinés à l’image des menhirs, verticalement, par rapport à l’étendue du silence de la langue. Ou, dans un autre poème, comme l’arbre qui, par sa verticalité et son appartenance au monde végétal, a aussi inspiré Guillevic, en tant que symbole d’enracinement :

‘L’arbre
S’enracine dans la terre.
Le poème s’enracine
Dans ce qu’il devient. (Art p., p 226)’

Il est clair, d’après ce poème et la comparaison avec l’arbre, que le langage poétique reste un univers ouvert, en devenir, accueillant toujours. C’est là une expérience à l’image de la quête du poète dans le langage, à jamais achevée et à laquelle le lecteur contribue également. Une aventure que le poète devra vivre, tout en sachant qu’à sa quête nulle issue, nulle fin, par conséquent, nul commencement :

‘Où est maintenant
L’horizon ?


commence l’itinéraire ? (E., p.67)’

C’est un long cheminement sans fin où le poète est porté, mené, d’un point à un autre, d’une lueur à une autre, où il rêve d’être relié, toujours, par un pont qui se tendrait à lui vers un autre bord. Où il rêve aussi d’une lumière qui augmenterait et intensifierait son « quota de lumière » devant son obstination à cheminer et à vouloir aller toujours plus loin dans sa quête :

‘C’est toujours comme si
À travers la lumière

Tu voulais atteindre
Une autre lumière

Qui te ponterait. (P.F., p.152)’

La quête du poète n’est jamais interrompue et le poète est toujours en espoir de voir apparaître des ponts le menant encore plus loin dans sa recherche et ses trouvailles. Il est continuellement ailleurs, jamais fixé nulle part, ni dans ce qu’il est ou que les autres croient qu’il est, car, à l’image de sa quête et de son poème, il demeure toujours en devenir. Ailleurs également parce qu’il ne sait pas non plus plus que les autres sur lui-même et où il se trouve. Il se cherche dans l’espace des mots, il tend (« qui conviendrait » au conditionnel) à cerner et faire jaillir le mot juste mais le langage, c’est un domaine de paradoxes, le poète le sait mais il continue sa recherche, un autre paradoxe !

‘Je ne suis pas là
Où vous croyez me voir,
Pas là où vous me cherchez.

Ailleurs- mais où ?

Je me cherche moi-même
Dans le domaine ouvert et fermé

Du mot qui conviendrait,
Du mot juste, du juste mot. (M., p.91)’

Comme chez nos autres poètes, le langage se cherche dans le mot juste mais, pour Guillevic, c’est davantage une recherche d’une forme extrême de concision. Silence et concision mais il s’agit d’un silence qui parle et d’une concision qui révèle l’essentiel et en dit long. C’est dans le silence, dans le creux et le néant, dans l’obscur, là où personne ne regarde, là où tous croient ne rien voir, que le poète cherche et trouve :

‘Et donc,
Parce que vous faites silence,

Vous croyez
Que je n’entends pas vos cris.  (M., p.99)’

C’est dans un tel paradoxe que le poète creuse et se cherche. Et c’est dans le silence, dans l’absence, par sa sensibilité à l’Autre, aux choses, qui l’entourent et partagent avec lui l’expérience de la vie, qu’il peut approcher et connaître cette altérité et se connaître lui-même aussi. Ce n’est surtout pas dans le bavardage et les longs récits d’aventures des gens, ni les siens, qu’il voit possible sa quête :

‘Il ne s’intéresse pas
Aux romans des autres,

Même pas aux siens.

Il est plus sensible
À la couleur d’un mur
Au poids de la pierre,

À l’éternité
Dans son absence.(Cr., p.175)’

Ce poème décrit très bien Guillevic, car il est question de sa sensibilité, que nous avons soulignée plus haut, une sensibilité aux choses (« un mur », « une pierre »), à leur réalité (« couleur », « poids »), à l’éternel qui échappe au poète et qu’il ne peut pas cerner. Ne pas s’intéresser à l’effusion que les romans présentent, longs discours qui ne font semble-t-il que remplacer ou discourir sur la vie des hommes. Alors que pour notre poète, il est important de se trouver à même le silence et l’absence pour pouvoir approcher et toucher l’essentiel de ce que le silence tait au poète. « Peu de paroles,/ Car trop de paroles/ Bouchent le creux,/Et la résonance : adieu. »  (Inc., p.191)

Simplicité, concision, laconisme, profondeur avec lesquels Guillevic va chercher des archétypes dans les origines du monde, là où la résonance ou l’écho est toujours possible, mais c’est aussi une désarticulation de sa propre biographie pour reprendre le terme qu’utilise Pascal Rannou, lors de ses entretiens avec le poète. Créer une distance, un écart, quant à sa propre expérience, douloureuse surtout, de sa propre biographie, d’un côté pour pouvoir et tenter d’adopter un regard lucide, « objectif », et laisser son histoire se tisser ou trouver racine dans d’autres, l’ancrer par conséquent dans un tout, en la détachant de soi. D’un autre côté, il y a un tout autre comportement lorsqu’il s’agit des autres, de l’altérité, surtout celle des objets et choses, celui de les pénétrer et tenter de ne faire qu’un avec, de vivre les choses et non pas se contenter de les observer ni les décrire du dehors.

Nous pouvons citer quelques détails concernant un tel détachement de sa biographie. Lorsqu’il s’agit de sa famille, Guillevic désigne son père, sa mère et lui-même avec des articles définis et non pas des adjectifs possessifs, ce qui rejoint d’un côté sa réticence à utiliser les adjectifs en général mais aussi à réduire l’histoire qu’il raconte dans son poème ou le tableau de la famille à sa propre histoire personnelle. Dans ce cas, le tableau que fait Guillevic concerne toute famille à travers les âges. Toutes précisions et tous détails pouvant limiter à l’individuel ou au personnel sont gommés comme le journal qu’il décrit entre les mains de sa mère et qui n’est plus qu’un carré blanc, à une époque sans précision «  un temps149 ». Nous lisons ici une difficulté à créer le contact, à nouer le dialogue avec le père ou la mère : il n’est pas possible de s’asseoir à côté du père, et la mère est au-dessus du seuil où se trouve l’enfant. Les éléments se trouvent tous dans une sorte de décalage de plans, la séparation est bien là.

La séparation, telle que Guillevic l’a vécue dans la douleur certes, est un fait mais d’un autre côté, en se détachant ainsi d’elle, dans son poème, il peut avoir un regard plus posé et serein qui lui évitera des sentiments de haine ou de rancune et ouvrera sa propre expérience et histoire à celles de tous les autres, à toute famille. Cette façon de procéder pour parler de la cellule familiale à travers sa propre famille est une puissance dans le langage guillevicien. Pascal Rannou va même jusqu’à se demander comment une telle et même expérience aurait pu finir dans la bouche ou sous la plume de Lamartine ! De ses propos nous retiendrons les suivants dans lesquels il souligne les mérites de l’écriture de Guillevic ; écoutons-le : « La stylisation nie tout misérabilisme [toute effusion sentimentale qui rendrait sa situation pitoyable] pour tendre à une parole qui, dans sa brièveté, se fait cri.150 » C’est aussi ce que l’on peut voir dans le récit d’une femme (dans un poème intitulé « Bretagne » et que l’on a vu précédemment) qui raconte le sort de sa famille brutalisée, son récit ne ressemble en rien à un « roman », il n’y a pas trop de paroles, la résonance est là à son maximum151. Tout n’est pas dit, mais dans le peu révélé à travers les éléments qui viennent se poser comme des mots sur une page, comme des couleurs sur une toile, on a le sentiment de comprendre ce qu’elle a vécu. C’est avec ce qui est dit et ce qui est tu, étouffé peut-être dans la voix de la femme, dans la cruauté de ce que sa famille a souffert que l’on peut toucher l’essentiel, et le ressentir fortement.

Face au silence, à la longue et interminable quête du poète dans l’univers du langage, se dressent les caractéristiques et facteurs qui constituent la force du langage guillevicien que nous nous proposons de rappeler, en concluant ici, avec une description et un éloge de Guillevic et de son langage poétique : « Guillevic aura marqué son époque par l'irremplaçable nouveauté qu'il a apporté à la poésie. Un vocabulaire simple, un vers court, un creusement de la matière poétique qui, du début à la fin de l'œuvre, nous permet de mieux habiter le monde. Avec Guillevic, nous sommes dans une essentielle simplicité. Habiter le monde par la parole poétique, le sensible aussi bien que le réfléchi, prendre pour matière le langage et pour outils les mots afin d'approcher le poème et « sculpter le silence » c'est bien ce que Guillevic nous a montré tout au long de son œuvre avec patience et détermination, avec engagement et amour.152 »

Voyons maintenant d’après le rapport et la sensibilité guilleviciens au langage la nature et le genre de rapport que notre poète établit avec les autres arts et autres formes du langage comme la musique, la peinture ou le cinéma.

Notes
149.

C’était en un temps /Où le journal était un carré blanc/Tenu par la mère au -dessus du seuil/Où jouait l’enfant.  (T., p.129)

150.

Guillevic et Pascal Rannou, Entretiens, Du menhir au poème, op. cit. , p.233.

151.

Il y a beaucoup de vaisselle,/Des morceaux blancs sur le bois cassé,/Des morceaux de bol, des morceaux d’assiette/ Et quelques dents de mon enfant/Sur un morceau de bol blanc (T., p.233)