Annexe 3 Pierres de Guillevic, tirage limité

L’ouvrage de Guillevic, Vous, Pierres, qui comporte dix poèmes avec sa description, écrit en 1991 et consulté au centre de conservation et Archives le 28/06/06 à Montréal. En voici la description, figurant en début d’ouvrage :

Il a été tiré de cet ouvrage, comprenant des poèmes inédits de Guillevic, des eaux-fortes et gaufrures originales de Loraine Bénic, une édition de 15 exemplaires sur papier Vélin d’Arches par Bénic et Tisari en leur Atelier de Montréal. Enchâssé en frontispice de la reliure, un morceau de cuivre gravé fait preuve d’annulation des plaques.

Pour donner une idée au lecteur, nous présentons ici les notes que nous avons prises au moment de la consultation : Le titre est gravé sur le papier blanc, en blanc, et souligné par un trait gravé aussi dans le papier. Les pages sont pliées par le bout à droite, le poème est inscrit sur le pan et la gravure ou le dessin sur la page, une fois le pan ouvert, en noir et blanc, avec dégradation dans la couleur. Au toucher de la page, c’est comme du sable collé sur la page.

L’ouvrage finit par une page blanche sur la droite avec une bande noire en haut comme un ciel noir, le bord du papier est non régulier, non coupant, et coloré quelquefois en noir, contrastant ainsi avec le blanc de la page.

Et maintenant, nous pouvons y lire les dix poèmes suivants :

‘Ne me plongez pas,
Bruits nocturnes,
Dans l’interstellaire,

Laissez-moi ici
Avec mes pierres.
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Je ne regrette pas
D’avoir constaté ce monde.

Des choses le méritent :
La pierre, par exemple.
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La chaux-
Elle aussi
Aura été pierre,

Et maintenant
Elle est devenue ça,

Cette chose
Avec pas de corps.
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Je crois, rocher,
Avoir découvert

Pourquoi tu me sers
Si souvent de référence :

Tu es pour moi
L’éternité,

L’image
De l’éternité.
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Voir une pierre
Qui ne demande rien,

Ne cherche pas,
A en savoir plus,

Se trouve au centre
Apparemment

Et ne pense
Même pas à le révéler.
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Au moins toi, rocher,
Tu ne m’attaques pas.

C’est que tu te donnes
A autre chose,

Mais te dérober à moi
N’est-ce pas me provoquer ?
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Pourquoi te dire, rocher ?
Tu te dis toi-même.
J’essaie de t’entendre.
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Si j’étais pierre
Je n’aurais pas
A m’interroger

Et le temps
Ne me manquerait pas.
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Pierre, dis-moi
Que tu n’es pas

Seulement
De l’esprit,

Tu es, comme je suis,
Matière

Épouse de l’esprit.
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Pierre,
Il me semble

Que depuis que je te parle
Tu as changé.

Pourtant je ne suis pas
Le premier à faire ainsi

Que tu te retrouves quitte
Avec ta solitude.’