A) Portrait pittoresque des usages orientaux

Dans l’avertissement du Voyage en Orient, Lamartine déclare : « ces notes ne sont bonnes à rien qu’à mes souvenirs…il n’y a là ni science, ni histoire, ni géographie, ni mœurs… »142, et une page plus loin : « il ne peut y avoir un peu d’intérêt que pour des peintres ; ces notes sont presque exclusivement pittoresques… »143. Lamartine sous-estime son livre. Christian Marechal écrit à ce sujet : « Lamartine recherche surtout le pittoresque,…, cette préocupation est si vive chez lui qu’elle l’entraîne, pour dramatiser le récit, à ajouter des anecdotes »144. Certes, le pittoresque n’est pas absent de ces pages colorées et vivantes, mais nous verrons qu’on y trouve aussi, sinon de la science, au moins des notations historiques ou géographiques et surtout la description attentive des mœurs orientales. Il n’est que de s’entendre sur le sens des mots : les mœurs, du moins chez notre écrivain, font partie du pittoresque, et c’est pourquoi, il ne nous a pas été possible de séparer les unes de l’autre.

Le pittoresque oriental dans le Voyage en Orient revêt deux aspets : le premier est, si l’on ose dire, architectural, le deuxième est, anecdotique. Gestes, attitudes, paroles, silhouettes, arbres ou animaux au milieu de paysages typiques, scènes de la vie arabe de tous les jours, manifestations essentiellement musulmanes, rien n' échappe au regard aigu de Lamartine.

Notes
142.

Lamartine, Voyage en Orient, t. VI, op. cit., p. 6.

143.

Ibid., p. 7.

144.

Christian Marechal, Le Véritable Voyage en Orient de Lamartine d’après les Manuscrits originaux de la Bibliothèque Nationale, Paris, Librairie Bloud et C1e, 1908, p. 36- 37.