1.3 Le programme national de développement agricole (PNDA)

Pour Bessaoud Omar36, « la situation de déficit alimentaire chronique a conduit les pouvoirs publics à élaborer un programme national de développement de développement agricole à partir de 2000, les orientations qu’il véhicule convergent essentiellement vers les objectifs reconstruction du territoire agricole. Il participe à la réhabilitation des fonctions régulatrices de l’état et incite à l’investissement, dans un cadre décentralisé et de formules de financement permettant une gestion partagée des risques entre l’agriculteur, la banque, les assurances et l’Etat. Les outils et instruments mis en place mettent désormais l’accent sur la participation et l’accompagnement des populations dans le cadre de l’action de proximité. Réhabilitant ainsi l’acte agricole dans sa dimension économique de». Cette nouvelle stratégie nationale de développement économique et social, prend en compte les exigences imposées par le contexte national actuel, la stratégie de développement agricole et rural (SDAR), forcément ambitieuse, aura notamment pour finalités37:

Dés lors, deux orientations stratégiques sont à la base des projections décennales en matière de développement agricole et rural :

Ainsi, les objectifs de la stratégie de développement agricole et rurale en matière de revitalisation des espaces ruraux, viseront le développement humain parce qu’il s’agit d’un enjeu national de la décennie 2004-2014. Pour ce faire, il s’agira de revitaliser les espaces ruraux, particulièrement ceux marginalisés ou abandonnés, par la consolidation et le développement des activités agro-sylvo-pastorales, la création de nouvelles activités économiques et la réhabilitation des métiers ruraux comme sources de revenu principal durable ou d’appoint pour les agriculteurs. Dans le cadre de démarches participatives, toutes les actions susceptibles de mettre en place les conditions de création d’une économie rurale permettant de réduire la vulnérabilité des espaces et d’améliorer la sécurité alimentaire des ménages isolés ou marginalisés et partant les conditions de vie des populations rurales seront mises en œuvre38.

Parmi les objectifs assignés à ce plan, la réduction des disparités à l’intérieur des régions rurales39 et entre ces dernières et les villes par la création des conditions de valorisation des infrastructures de base existantes, le rapprochement des populations rurales des dispositifs existants de promotion économique et sociale. Le coût de ce programme est évalué à 55,9 milliards de dinars. Les premiers résultats 2001-2003 sont encourageants sur le plan de la production, il reste à en évaluer l’impact sur le monde agricole. Sur le long terme, cela suppose de poursuivre les efforts d’investissements consentis pour la mise en œuvre de ce plan, les pouvoirs publics pourront ils tenir ce pari ? Le risque que cet élan, et optimisme affiché, n’apparaissent, faute d’actions, comme un simple effet d’annonce.

Tableau 13 Indicateurs d’évaluation du Plan national de développement agricole et rura
Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Taux de croissance de la production agricole (%) -15,15 18,70 0,01 29,00 6,41 2,02 4,71
Taux de croissance de la valeur ajoutée (%) - 13,38 -1,30 17 3,10 2,44 4,48
Valeur ajoutée agricole (Milliards de dinars) 322,1 411 475 496 511 524,2 547,7
Part de la valeur ajoutée dans le PIB (%) 8,4 9,7 9,3 9,7 8,4 6,97 6,6
Valeur ajoutée agricole / Valeur ajoutée globale (%) 9,58 11,81 11,39 11,72 10,18 7,83 7,7
Nombre en équivalant
emplois créés (EEP)
142 287 171 000 163 499 179 291 166 203 132 428 104 323

Algérie. Ministère de l’agriculture et du développement rural. Rapport sur la situation du secteur agricole. Direction des statistiques agricoles et des systèmes d’information, 2008, p.5

A la lecture de ces chiffres, on peut affirmer que les premiers résultats augurent de perspectives prometteuses, si l’on considère le taux de croissance de la production agricole de 18,7% en 2001 et 29% en 2003, par contre la croissance chute brutalement à 2,02% en 2005 et 4,71% en 2006. Les efforts colossaux d’investissements consentis par l’Algérie pour financer un tel programme n’ont pas diminué la facture alimentaire qui a frôlé les 5 milliards de dollars (4,82 milliards de dollars en 2007) en hausse de 27% par rapport à 2006. Les crises successives de certains produits définis comme prioritaires : la pomme de terre, le lait, et les céréales ont mis en évidence le manque de maîtrise de leur production. Partant de ce constat, et malgré l’optimisme affiché par les officiels, les résultats du PNDRA sont très mitigés. Parmi certaines mesures d’accompagnement combien essentiel pour son aboutissement, dont un système d’information agricole n’a pas constitué une priorité.

A ce propos, et dans le cadre de leurs travaux sur l’Algérie, beaucoup d’experts nationaux et internationaux relèvent la difficulté d’accéder à l’information. Dans un article du journal « El-Watan » du 18 mars 2001, Nordine Grim40se référant à une enquête de Mohamed Benguerna et Hocine Khalfaoui, affirme que parmi les raisons qui poussent les chercheurs algériens à fuir le pays, la faiblesse du niveau technologique et les difficultés d’accès à l’information en constituent les plus importantes. Certaines institutions internationales constatent également la qualité de l’information économique qui fait défaut, l’absence totale d’études détaillées sur les effets probables des grands choix économiques des pouvoirs publics. Concernant le même sujet, Ivan Martin41, note que le FMI se réfère dans ses rapports, à ce manque de qualité du système d’information sectoriel, en signalant que la faiblesse des données empêche le suivi de la situation économique et la formulation des politiques. Par rapport à ce constat, et au regard, des nouvelles stratégies du secteur, la mise en place d’un système d’information performant s’impose plus que jamais.

L’analyse des contraintes à l’origine de cette situation n’est pas de notre ressort, cependant leur présentation doit nous permettre d’identifier les grands défis que doit relever ce secteur, et par voie de conséquence les fonctions du système d’information qui doit venir en appui aux différents acteurs, notamment celui de la production agricole.

Face à l’enjeu croissant que représente la question foncière en Algérie et l’instabilité qui la caractérise, les agriculteurs ont besoin d’une politique foncière adaptée qui puisse leur apporter une sécurité foncière et favoriser un développement économique, la structure des exploitations doit accroître si l’on souhaite moderniser l’agriculture. Il importe de souligner que la préservation des terres agricoles conformément à leur «vocation» impose que «l’action foncière exige évidemment la clarification du statut foncier.

Pour Jarrige Françoise, Jouve Anne-Marie, Napoléone Claude, « la maîtrise foncière est la clé du développement »42. Partant de cette affirmation, nous proposons dans le chapitre qui suit de faire une présentation du foncier agricole : le statut des terres agricoles, la taille des exploitations, leur nature juridique. Ceci, dans l’objectif de mieux comprendre le rapport de l’agriculteur à la terre, et situer la place qu’il attribut à l’information pour accéder aux nouvelles techniques.

Notes
36.

Bessaoud Omar. L’agriculture algérienne : des révolutions agraires aux réformes libérales (1963-2002). Du Maghreb au proche orient : les défis de l’agriculture. Paris, Ed. L’Harmattan, 2002, pp.73-99. (Page consultée le 12 avril 2005). Adresse URL : http://www.iamm.fr/bn/doc/?id=PU0002 .

37.

Algérie. Ministère de l’agriculture et de développement rural. Stratégie de développement agricole et rural. (Page consultée le 21 avril 2005). Adresse URL : http://www.minagri.dz/client/?r=pnda&b=stratigiedr&PHPSESSID=6545fa21d4fe9bfd9d4aff716030d44

38.

Algérie. Ministère de l’agriculture et de développement rural. Stratégie de développement agricole et rural. (Page consultée le 21 avril 2005). Adresse URL : http://www.minagri.dz/client/?r=pnda&b=stratigiedr&PHPSESSID=6545fa21d4fe9bfd9d4aff716030d44

39.

‘Les zones rurales concentrent en effet près de la moitié des pauvres ; elles connaissent une forme de pauvreté plus sévère inhérente au déficit en revenus tirés de l’agriculture et à une situation défavorable de l’environnement des exploitations agricoles. Rapport national sur le développement humain : 2006, CNES,2007, p.36’

40.

Grim Nordine. Fuite des cerveaux : l’Algérie perd son élite. (Page consultée 03 mai 2005)

Adresse URL : http://www.planet-dz.com/actu/2001/janvier/fuite_des_cerveaux.htm

41.

Martin Ivan. Politique économique et stabilité de l’état. (Page consultée le 03 mai 2005), p.11

Adresse URL. http://www.ceri-sciences-po.org

42.

Jarrige Françoise, Jouve Anne-Marie, Napoléone Claude. Et si le capitalisme foncier changeait nos paysages quotidiens ? Le courrier de l’environnement, n°49, juin 2003. (Page consultée le 26 septembre 2006). Adresse URL : http://www.inra.fr/dpenv/jarric49.htm