2.1 La recherche scientifique en Algérie : historique et évolution

La recherche qui conduit à des améliorations de la production agricole résulte de l’intégration de connaissances provenant de nombreuses sources. Les composantes de la recherche peuvent être classées de plusieurs manières différentes, et des termes divers (recherche et développement, recherche fondamentale, recherche appliquée, recherche stratégique, recherche adaptative, etc.) sont employés51

Toute politique scientifique se doit de déterminer une politique de recherche en adéquation avec les objectifs de développement national. La recherche scientifique représente un enjeu économique et social. L’appropriation des connaissances scientifiques et des techniques, et leur intégration dans les processus de production sont devenues une arme dans la compétition internationale. En effet, selon l’International service for national agricultural research « la recherche est une source d’innovation qui permet de mettre sur le marché des produits nouveaux d’importance pour l’intérêt public»52.

L’activité de la recherche s’est considérablement diversifiée au fil des années par les approches pluridisciplinaires, l’interdépendance entre la science et la technologie. Les pays prennent conscience aujourd’hui du rôle que jouent désormais la science et la technologie dans les politiques publiques, d’où la nécessité de les mettre en œuvre. Celles-ci ont pour tâche de fixer les priorités pour la recherche, de mobiliser le potentiel de recherche public et privé, de promouvoir l’innovation et d’arbitrer les affectations de ressources.

Une des grandes faiblesses de la recherche algérienne réside dans la difficulté de définir une politique de recherche avec des objectifs à long terme, de fixer les priorités, d’affecter les ressources nécessaires. Depuis l’indépendance, les structures d’exécution de la recherche scientifique ont connu une grande instabilité.

La décennie 1970 est celle de l’intervention de l’état dans l’activité économique, elle est marquée par la naissance du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et de l’organisation de la recherche. Deux organismes sont nés : l’Organisme national de la recherche scientifique (ONRS), l’organe exécutif de la recherche et le Conseil national de la recherche (CNR) avec pour principale mission de définir les orientations de la recherche et d’élaborer le plan national de la recherche. La mise en place de ces structures répondait à un double objectif : la refonte du système de formation supérieure et l’intégration de la recherche scientifique au développement économique et à la formation des formateurs.

Les années 1980 sont marquées par la transition vers l’économie de marché, et la création du Conseil supérieur de la recherche scientifique et technique ainsi que des unités de recherche, dans les universités et les établissements de formation supérieure ou dans les entreprises de production. En 1983, dissolution de l’ONRS, remplacé par le Commissariat à la recherche scientifique et technique (CRST); ce dernier est chargé des missions de coordination et de planification de la recherche au plan national jusqu’en 1986 où il est remplacé par le Haut commissariat à la recherche (HCR).

Le système institutionnel de la recherche a vu se succéder six tutelles ministérielles en 1990. La politique nationale de recherche est définie par le Conseil National de la Recherche Scientifique qui est composée de trois commissions intersectorielles de promotion, de programmation et d’évaluation de la recherche. Le système de recherche couvre les domaines suivants : santé, sciences fondamentales, construction, urbanisme et aménagement du territoire, agriculture et ressources en eau, matières premières et de la technologie, éducation, culture et communication, économie, droit et société.

La recherche au sein du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique est gérée par trois directions : la Direction de la coordination de la recherche, la Post-graduation et de la recherche universitaire et enfin celle de la recherche intersectorielle et de la valorisation. Par ailleurs, chaque département ministériel au sein du gouvernement comporte une direction de la recherche. Le secteur de la recherche connaît en 2000 une nouvelle dynamique par la promulgation d’une loi d’orientation et de programme à projection quinquennale sur la recherche scientifique et le développement technologique portant sur les années 1998-2002. Sur le plan institutionnel de nouveaux organes sont mis en place.

Trois agences nationales de la recherche sont crées : L’Agence nationale de développement de la recherche universitaire (ANDRU), l’Agence nationale de développement de la recherche en Santé (ANDRS) et enfin l’Agence nationale de la valorisation de la recherche et du développement technologique (ANVREDET). D’autres mesures ont été prévues par la loi de finance de 2000, qui sont : La consécration d’un budget national de la recherche scientifique et de développement technologique qui sert au financement, selon des règles adaptées, des activités de l’ensemble des entités de recherche ainsi que des programmes nationaux de recherche. Des crédits alloués à ce budget connaissent une croissance continue. A ce propos, l’Unesco affirme que pour être efficace, il faudrait consacrer à la recherche agronomique au moins 2% du PIB53, or il a fallu attendre l’an 2000 pour que l’Algérie consacre 1% du PIB à la recherche. Pour rappel et selon la FAO, la Tunisie y consacre 2% et les pays développés 2 à 3%. Parmi les objectifs également de cette loi, la mobilisation des compétences scientifiques nationales autour des objectifs de la recherche scientifique et du développement technologique. L’objectif visé étant d’arriver à mobiliser environ 16000 chercheurs à la fin de la période quinquennale. Concernant la gestion des Outputs de la recherche, il a été prévu la création d’organes de valorisation et la mise en œuvre de mesures appropriées pour l’exploitation des résultats de la recherche et leur transfert vers l’environnement socio-économique.

Notes
51.

International service for national agricultural research. Considération pour le développement de la recherche agricole nationale en soutien du développement agricole. La Haye, ISNAR, 1986, p.6

52.

Mosher A.T. Quelques exigences critiques pour une recherche agricole productive agricole. La Haye, ISNAR, 1984, p.2

53.

Bessaoud Omar, Ghersi Gérard. L’agriculture des pays méditerranéens du sud entre conquête des marchés européens et réponse aux besoins de subsistance. (Page consultée le 03 mai 2005).

Adresse URL : http://www.agrobioscience.org/IMG/pdf/cahier_ghersi_bessaoud.pdf