3.3.2 Les Programmes de vulgarisation au Niveau central (Ministère)

Dans le cadre des programmes déjà évoqués, les activités de vulgarisation sont gérées selon un modèle arrêté, qui est disponible au niveau des directions des services agricoles, dans le réseau d’information. Le programme au niveau national est la synthèse globale des différents programmes de wilaya, la direction de la formation, de la recherche et de la vulgarisation est chargée de l’orientation et du suivi d’évaluation de l’exécution des programmes de vulgarisation.

Au niveau central, la sous direction de la vulgarisation met en forme et exécute chaque année, le programme annuel de vulgarisation de masse dont les activités vont en parallèle avec celles menées localement sur le terrain, au niveau des exploitations. Elles ont comme objectif de soutenir les mesures de soutien à la production, mises en place dans le cadre du PNDA. Les thèmes techniques sous forme de messages de vulgarisation sont élaborés par les instituts techniques. Ce programme s’articule, autour des médias suivants106 :

  • Production et diffusion d’auxiliaires  et les manifestations scientifiques : La sous direction de la vulgarisation produit en moyenne, chaque année une cinquantaine d’articles de vulgarisation (affiches, dépliants, guides techniques,) à l’usage de populations diverses (agriculteurs, vulgarisateurs, cadres techniques, écoles des zones rurales,…). La diffusion est assurée par l’Institut national de la vulgarisation agricole, les Directions des services agricoles et les différents instituts techniques, lorsqu’ils sont concernés par le thème. Des séminaires scientifiques et techniques, des manifestations agricoles à caractère national, régional ou local, des foires, expositions et salons, ces activités sont programmées en début de chaque campagne agricole.
Tableau 29 Bilan des actions de vulgarisation rapprochée : 2000-2004
Activités Nombre d’agriculteurs
2000/2001 2001/2002 2002/2003 2003/2004 
1
er semestre
Journées d’information
Sensibilisation

164 737

72 882

82 960

59 746
Journées de démonstration 22 635 25 462 22 960 20 103
Visites- conseils 6875 30 246 44 673 38 822
Parcelles de démonstration 1358 - 2081 -

Institut national de la vulgarisation agricole. Alger. Synthèse du volet vulgarisation, 2004

Tableau 30 Bilan des actions de vulgarisation de masse 2000-2006
Activités 2000/2001 2001/2002 2002/2003 2003/20041 er semestre 2006
Émissions et spots TV 230
(148 thèmes)
320
(297 thèmes)
242
(205 thèmes)
207
(103 thèmes)
2500
(650 thèmes)
Émissions et spots radiophoniques 3998 1103 837 1168 5938
Supports écrits 54
162000
exemplaires
57
224000
exemplaires
51
199000
exemplaires
08
21 500
exemplaires
40
200 000
exemplaires
Salons, foires, expos
Séminaires
12 69 190 93 /

Institut national de la vulgarisation agricole. Alger. Synthèse du volet vulgarisation, 2004.

Comme l’indique les données du tableau n°30, le nombre de documents élaborés par les services de vulgarisation est loin de couvrir les besoins des agriculteurs. Pour l’année 2003/2004, seules 8 publications sont produites pour l’ensemble des productions animales et végétales et pour tous les thèmes. Quant aux émissions et spots radiotélévisés, si le nombre produit s’avère plus important (207 émissions et spots TV et 1168 émissions et spots radiophoniques) pour la même année, il s’agit plus de rediffusion d’informations déjà programmées. Les journées de démonstration et visites peuvent être un support important de transfert d’informations et de technique, mais cela est conditionné par un niveau de connaissance des vulgarisateurs en techniques de communication en méthodologie de vulgarisation, doublé d’une bonne formation en agronomie. Il faut souligner la faible capacité du secteur agricole à assurer un perfectionnement de ses cadres : Pour l’année 2006, selon la synthèse des activités de recherche et de vulgarisation agricole de 2007, sur les 1339 vulgarisateurs du secteur agricole, seuls 36 ont accès à la formation en techniques de communication et 837 en perfectionnement des techniques de vulgarisation. Le nombre d’agents communaux de vulgarisation formé en technique de vulgarisation n’a pas connu d’évolution de 2000 à 2006.

Tableau 31 Bilan des actions de formation en vulgarisation

Type de formation
Nombre de vulgarisateurs formés

2000/2001

2001/2002

2002/2003

2003/2004

2005-2006
Formation des ACV en méthodologie 79 40 23 11 93
Perfectionnement en vulgarisation / / 837 ACV et cadres de développement locaux

Institut national de la vulgarisation agricole. Alger. Synthèse du volet vulgarisation, 2004

Après cette synthèse bibliographique, on arrive à la conclusion qu’en dépit des différentes réformes entreprises pour améliorer le système de vulgarisation, le bilan des activités ne permet pas d’observer une évolution qualitative et quantitative à la mesure des missions et objectifs arrêtés par le plan national de développement agricole. Un diagnostic sommaire permet d’identifier les principalescontraintes :

  • Absence de coordination dans l’élaboration des programmes de la vulgarisation :chaque structure établit son programme et fixe les moyens susceptibles d’être mobilisés pour sa mise en œuvre. Faute d’une identification suffisamment précise des besoins et priorités des populations concernées, les messages de vulgarisation sont très généralistes dans leur contenu et ne prennent pas en considération les besoins et attentes des agriculteurs ;
  • Absence de schéma organisationnel pour la prise en charge des activités de vulgarisation au niveau local : la démarche initiée par l’INVA et expliquée à l’ensemble des wilayas, vise la mise en place d’un dispositif de proximité au niveau local. Le but de cette démarche est de faire acquérir à l’ensemble des structures composant le dispositif en question, une prise de conscience accrue des relations entre les acteurs clefs du développement agricole et rural, et de jouer un rôle essentiel dans le rapprochement des opérateurs. Ceci, dans le but de mieux comprendre la manière dont les perceptions des acteurs agissent sur l’identification des problématiques de même que la manière de les solutionner. Le bilan critique de cette action est mitigé en ce sens que la méthode d’encadrement proposée semble retenir l’attention et susciter l’intérêt des structures concernées (DSA, chambre d’agriculture, conservation des forêts) et que sur tous les plans, elle constitue une solution aux impératifs de l’intervention pluridisciplinaire et multisectorielle. Mais d’un autre côté, cette démarche se heurte à des problèmes subjectifs d’ordre matériel. En effet, le réseau des vulgarisateurs au niveau des communes est inopérant en raison d’un manque flagrant de moyens de transport ; dans la plupart des cas, le vulgarisateur éprouve d’énormes difficultés pour se déplacer à la rencontre des agriculteurs. Le manque d’équipements didactiques pour l’animation des séances de formation et d’information au sein de la commune constitue une autre limite importante.
  • Sur le plan fonctionnel, on relève une faiblesse des relations entre la recherche agronomique et la vulgarisation : deux activités interdépendantes, l’une de l’autre, dont la nature de leurs relations influe sur l’efficacité du système de transfert et d’application de l’innovation technologique. En effet, le manque de coordination entre les différents intervenantsdevenus de plus en plus nombreux (vulgarisateurs, animateurs, représentants des associations et des ONG…) rend le processus de vulgarisation assez complexe.

Par rapport à toutes les insuffisances signalées du système de vulgarisation actuel, une démarche importante (souvent informelle) est mise en œuvre par les organismes de recherche en développant entre chercheurs et vulgarisateurs des relations fonctionnelles favorisant la mise en synergie des compétences et des moyens pour une meilleure efficacité de leurs actions d’accompagnement des programmes de développement. Les principaux facteurs ayant justifié cette démarche se présentent comme suit :

  • Intégration du potentiel scientifique et technique du groupement, et sa mobilisation pour la concrétisation et la conception d’un schéma de développement durable, en prenant en charge l’impératif de durabilité lors de la conception des programmes de vulgarisation des technologies de production ;
  • Nécessité de mettre au point, d’une manière coordonnée, des références technico-économiques pour l’ensemble des spéculations végétales et animales adaptées aux diverses situations pédoclimatiques du pays ;
  • Mise en place d’un cadre fonctionnel facilitant l’implication et la mobilisation des divers spécialistes des instituts et centres et, de ce fait, le développement de l’approche pluridisciplinaire par des équipes de différentes institutions, condition incontournable pour améliorer la pertinence de l’identification des actions ;
  • Identification des problèmes liés à la faible adoption des technologies diffusées et l’impact limité des programmes de vulgarisation auprès des agriculteurs ;
  • Anticipation des contraintes futures et renforcement de la coopération entre entités du groupement pour définir des thématiques de recherche porteuses, de même que les programmes à moyen, long termes de formation / vulgarisation adaptés aux besoins réels de chaque zone et de chaque type d’exploitation.
Notes
106.

Algérie. Ministère de l’agriculture. Mode actuel de conduite de la vulgarisation agricole. Direction de la formation, la recherche et la vulgarisation, 2004

107.

Institut national de la vulgarisation agricole. Alger. Le programme audio-visuel. INVA, 2005