2.2 Les outils de communication en milieu agriculteur

Ilboudou Jean-Pierre, affirme que le terme « outil de communication » est né de la pratique de l’animation qui a crée et utilisé toute une panoplie de moyens relevant de l’écrit, de l’audio et de l’image. A cela, il faut ajouter l’artifice qu’on peut opérer par une technique. La combinaison de ces différents moyens permet de disposer d’outils dont l’ambition est d’être éducatifs »201. Pour lui, « les outils de communication sont définis en fonction d’une activité (animation), d’une méthodologie (approche participative) dont les différentes phases et étapes font recours à des outils en matière d’information, de recherche, d’analyse, de dialogue, de transmission ou d’échange d’expériences, de savoirs ou de techniques, de planification, de gestion, de suivi ou d’évaluation des programmes entrepris par le système de vulgarisation »202.

Que ce soit l’écrit, l’image, la parole, les données informatiques, chaque support de communication présente des avantages et des inconvénients203. Pour Innis Harold, « la démocratie athénienne réside dans la combinaison réalisée entre la tradition orale, et la tradition écrite dans une société »204. L’Algérie où la société est dominée par l’oralité, peut largement s’inspirer de cette démocratie pour le choix des supports de communication.

Pour Ilboudou Jean-Pierre, ce sont les objectifs de la communication « qui déterminent le processus de communication à mettre en place  : informer, former, motiver…Les outils et réseaux de communication sont très divers : médias de communication de proximité utilisés dans des situations de communication de groupe, outils et réseaux locaux utilisés par les agriculteurs. Les outils et réseaux doivent être mobilisés en tenant compte de leur adaptation et de leur impact dans le milieu agricole, de la souplesse de leur mobilisation, de leur coût de mise en œuvre ainsi que de la possibilité pour les communautés de s’approprier l’usage »205.

La pertinence d’un support de communication est liée aux objectifs et buts à atteindre définis par les concepteurs. Dans le cas d’un système de vulgarisation, l’objectif, est de susciter chez l’agriculteur l’acquisition des connaissances, à travers l’information, il peut s’approprier les nouvelles techniques de production, et améliorer ainsi, la productivité de son exploitation et son cadre de vie. Ilboudo Jean-Pierre, considère que « les outils de communication ne sont neutres ni dans leur conception ni dans leur réalisation, ni dans leur utilisation. Chaque outil est lié au processus de communication de l’information et à la réalité que constitue le groupe cible ainsi qu’à la philosophie et à la démarche méthodologique utilisée par le concepteur de l’outil. Tout moyen de communication n’a de sens que lorsqu’il communique un message accessible au public ». Il précise le contexte dans lequel se fait le choix du média et affirme « que les circonstances et les exigences de chaque action de communication définissent le média à utiliser. Le contenu et la forme du message contribuent le plus à changer les comportements. Les changements de comportement induits par le processus de communication sont généralement la résultante d’une juxtaposition de plusieurs médias. Concernant la communication rurale, on utilise les médias de masse (journaux, radio, télévision), les médias de groupe (vidéos, photographies, affiches), les médias communautaires (radio rurale de proximité, et les technologies de l’information et de la communication). Ces médias, ainsi que les différentes formes de communication interpersonnelles, qui, il faut le rappeler est la forme la plus intense de communication entre les vulgarisateurs et les agriculteurs. Ils constituent ainsi des outils de communication adaptés au monde rural. Il faut rappeler cependant, que c’est le croisement de plusieurs, outils ou médias qui peut renforcer une stratégie de communication, bien que, chaque média à un rôle bien défini dans le processus de communication »206.

Katz, écrit : « Les mass médias servent à informer, alors que les contacts personnels permettent de légitimer »207. A travers cette affirmation, il met en avant l’importance du « paradigme des effets limités » dans les sciences sociales. Khiati Mohamed, note qu’en vulgarisation agricole, « les médias diffusent des informations en vue de susciter l’intérêt des agriculteurs, les sensibiliser et les orienter vers les services dont ils ont besoin. Les messages diffusés sont fugaces et ne peuvent retenir l’attention de l’agriculteur que pour une durée limitée. D’où l’importance des méthodes rapprochées interpersonnelles qui prennent le relais au sein même de l’exploitation pour en discuter avec l’agriculteur des informations et innovations proposées »208.

L’illettrisme, notamment son importance dans le milieu agricole en Algérie, et la place de la tradition orale, incitent à opter pour des rapports de communication de type interpersonnel, verbal. Cette méthode peut être jumelée avec les supports multimédias qui favorisent un accès rapide à un large volume d’information et peut être utilisée dans le cadre de la lutte contre l’analphabétisme. A ce propos, l’Unesco a mis en œuvre un programme d’aide aux pays émergents par la mise en place de centres communautaires multimédias. Ces derniers offrent un portail d’accès, pour permettre aux agriculteurs et le monde rural en général de rejoindre la société internationale du savoir. En combinant la radio locale (ou télévision), tenue par les populations locales en langues maîtrisées par les agriculteurs, aux applications des technologies de l’information et de la communication dans de vastes zones sociales, économiques et culturelles. Les discussions de groupe et les débats sont utilisés. Ces outils viennent soutenir une activité particulière pour appuyer l’atteinte d’un objectif, elles offrent l’avantage d’amorcer le dialogue et de susciter des échanges de vues. Les séances de représentation sont programmées avec une présentation d’une personne ressource autour d’un thème bien défini et une discussion est organisée sur le sujet. Cet outil a fait ses preuves pour accroître la sensibilisation à un problème précis ou intégrer des éléments d’information ou de nouvelles connaissances209.

Les « enregistrements vidéos » 210 sont utilisés pour illustrer un problème auprès des producteurs agricoles ou démontrer une solution, un autre moyen efficace d’utiliser la vidéo est connu sous l’appellation « fogo process » du nom d’une île canadienne où la méthode a été mise au point. Dans ce procédé, on utilise la vidéo pour présenter un problème, la projection est suivie d’une discussion de groupe, qui est filmée puis projetée devant d’autres groupes de producteurs soulevant ainsi une nouvelle discussion pour déclencher d’autres discussions pouvant aboutir à un consensus autour d’une technique, méthode à appliquer. L’avantage de cette technique c’est la possibilité qu’elle offre en matière de circulation de l’information, une technique validée par les agriculteurs dans une région, peut être transférée dans une autre région.

Notes
201.

Ilboudo J.P. outils de communication de proximité : l’expérience du Groupe de la communication pour le développement de la FAO. (Page consultée le 08/02/2005).

dresse URL: http://www.fao.org/sd/2001/KN0601a_fr.htm

202.

Ilboudo J.P. outils de communication de proximité : l’expérience du Groupe de la communication pour le développement de la FAO. (Page consultée le 08/02/2005).

dresse URL: http://www.fao.org/sd/2001/KN0601a_fr.htm

203.

Médias et nouvelles technologies : Pour une socio-politique des usages / [Thierry Vedel, André Vitalis, Pierre Chambat, et al.]. Rennes, Ed. Apogée, 1994.

204.

L’oiseau de Minerve. Communication information, vol. 5, n° 2/3

205.

Ilboudo J.P. outils de communication de proximité : l’expérience du Groupe de la communication pour le développement de la FAO. (Page consultée le 08/02/2005).
Adresse URL : http://www.fao.org/sd/2001/KN0601a_fr.htm

206.

Ilboudo J.P. outils de communication de proximité : l’expérience du Groupe de la communication pour le développement de la FAO. (Page consultée le 08/02/2005).

dresse URL : http://www.fao.org/sd/2001/KN0601a_fr.htm

207.

Marin Ledun. Katz et les effets du modèle dominant.. (Page consultée le 8 septembre 2005)

dresse URL : http://commposite.org/2004/articles/ledun2.html#id2479725

208.

Khiati Mohmed. De la communication en général et de la vulgarisation agricole en particulier. Alger, Ed. Intérimages, 2003, p. 50

209.

Ilboudo J.P. outils de communication de proximité : l’expérience du Groupe de la communication pour le développement de la FAO. (Page consultée le 08/02/2005).

Adresse URL : http://www.fao.org/sd/2001/KN0601a_fr.htm

210.

Ilboudo J.P. outils de communication de proximité : l’expérience du Groupe de la communication pour le développement de la FAO. (Page consultée le 08/02/2005).

dresse URL : http://www.fao.org/sd/2001/KN0601a_fr.htm