2.2.2 Le document comme support de communication

Dans la communication interhumaine, les canaux essentiels sont la vision et l’audition. Le début de la civilisation a coïncidé avec l’expansion d’une civilisation orale, le dessin n’est apparu qu’après. Puis, peu à peu, l’écrit s’est imposé comme système de communication visuel, puis idéographique, enfin purement symbolique : c’est l’alphabet. C’est avec la révolution de « Gutenberg » que l’univers de l’écrit est devenu un système de diffusion²²⁵.

Dans la lignée de son énoncé relatif à l’influence du médium sur nos sens, Marschal Mc Luhan²²⁶, considère que « le livre est le prolongement de l’œil », de son point de vue, l’outil de transmission ou de distribution par lequel nous recevons un message, c’est le média (radio, télévision, téléphone, livre…). Il serait le seul facteur important dans le processus de communication. Il englobe tout le domaine technique et apparaît comme le déterminant exclusif de l’évolution socioculturelle dans son ensemble²²⁷.

Cette vision de la communication est remise en cause par d’autres auteurs, car il serait réducteur de penser que les moyens de communication représentent seulement une extension d’une faculté humaine, physique ou psychique, alors que la communication entre dans un vaste champ complexe de pratiques sociales. A ce propos, Josiane Jouet, dans l’usage des technologies de l’information et de la communication pense qu’il existe une double médiation : « les pratiques de communication sont souvent analysées comme le produit des transformations des systèmes et appareils de communication qui définiraient pour ainsi dire de facto la façon dont les individus les utilisent. Il convient d’éviter le piège de ce déterminisme technique, mais il importe tout autant de réfuter le schéma réducteur du déterminisme social…et voit a contrario dans le champ social l’élément majeur de la construction des pratiques de communication » ²²⁸. Les participants au cinquième séminaire de la chaire de l’Unesco GRESEC, reproche à « Josiane Jouet » sa problématique impressionniste du schéma (source, message, canal, récepteur, effet)²²⁹.

Certains écrits se démarquent du déterminisme technologique, ainsi, le texte final du séminaire de l’Unesco concernant la communication pour le développement tenu en 2006, met en évidence l’importance du contenu informationnel : « L’objet de la rupture de communication dans cet espace public du développement est le contenu des messages, c’est-à-dire le sens du développement, et non la forme de leur transmission comme une tendance majoritaire des analyses critiques des médias et du développement voudrait le faire » ²³⁰ .

Différentes techniques de communication sont utilisées par les vulgarisateurs. Selon la méthode employée, la communication peut être soit réciproque (vulgarisation interpersonnelle), soit unilatérale (vulgarisation de masse)²³¹. Le média utilise les informations diffusées de type (matériel, immatériel..), en faisant appel à différents moyens de communication.

Ceux-ci permettent une communication orale en face-à-face, qui peut s’exercer dans deux types de circonstances : le face-à-face interpersonnel : (le vulgarisateur face à un agriculteur) et le face-à-face en groupe (le vulgarisateur anime une discussion avec un groupe d’agriculteurs). La communication s’appuie sur la voix et d’autres supports, qui sont écrits, visuels, auditifs, audio-visuels²³². Les médias de masse présentent cette particularité qu’ils n’installent pas un contact direct entre l’émetteur (ou les émetteurs) et le récepteur (ou les récepteurs). La médiatisation par le son, l’image, l’écrit ou une combinaison de ces éléments ne peut assurer l’interaction entre l’émetteur et le récepteur.

La multiplicité des situations de communication invite à ne pas focaliser son attention sur le média appareil de transfert si important soit-il, mais davantage sur le système médiatique, média ou ensemble de média en interdépendance avec l’environnement (homme et société)²³³. Abordant cet aspect, Saillant Jean-Michel, met en évidence l’importance d’un bon usage du média, il affirme à ce sujet : « l’intérêt des médias réside en leur aptitude à créer des conditions favorables pour satisfaire les besoins des hommes. De leur usage adéquat dépend la réussite de l’entreprise de transmission des messages »²³⁴.

Après avoir défini ce qu’est un document dans un dispositif des connaissances : son statut cognitif, informatif, social et enfin communicatif, nous abordons le document comme support de transfert de l’information.