3.7 L’agriculteur et la gestion de l’exploitation

3.7.1 Usage des documents pour gérer l’exploitation

Aujourd’hui, l’information et la communication sont reconnues comme des composantes essentielles du processus de développement. Il s’agit dés lors de donner à l’exploitant agricole des moyens d’évoluer en devenant un partenaire social important, pour d’abord mieux défendre ses intérêts, produire davantage, et enfin mettre à la disposition des organismes chargés de la recherche, de la vulgarisation et aux décideurs les données de son exploitation, de façon à relier les processus de prise de décision à tous les niveaux.

Tableau 55 Les documents utilisés pour la gestion de l’exploitation
Tableau 55 Les documents utilisés pour la gestion de l’exploitation

Afin d’étudier l’apport de l’information dans la gestion de l’exploitation, le degré d’efficacité des contenus proposés dans les prises de décisions économiques, techniques, commerciales, nous avons posé aux agriculteurs des questions relatives aux pratiques de leurs gestion : Le recours au document pour gérer l’exploitation est relativement faible, plus de 75% de personnes interrogées affirment n’utiliser aucun document pour gérer leur exploitation. Moins de 10% utilisent les documents de vulgarisation (tableau n°55) et tiennent des livres. Alors que pour bénéficier des dispositifs d’aide de l’aide de l’état, d’appliquer les normes de traçabilité pour des fins d’exportation des produits, il est nécessaire de produire des traces des activités262. Mais au-delà des raisons économiques, la notion d’écrits professionnels comme supports de raisonnement dans l’exploitation et ressources cognitive est totalement ignorées.

  • Les méthodes de gestion d’une exploitation et la compréhension par les agriculteurs des principes qui les régissent n’ont pas été une des priorités des actions du système de vulgarisation. En effet les différentes fiches techniques et guides mis à disposition de l’agriculteur donnent souvent les itinéraires techniques et les processus de production sans étude économique. Sensibiliser l’agriculteur à utiliser l’écrit, de logiciels de gestion comme moyen de suivi et de gestion de son exploitation n’ont pas été perçu comme une action importante par les services d’appui à la production. Cette situation et le contexte professionnel, culturel en général ont engendré un manque d’engouement de l’agriculteur à recourir à l’écriture dans ses activités professionnelles. La crainte d’une amnésie intellectuelle, du à la faiblesse des mémoires nationales concernant les systèmes de production sera sans doute une des conséquences de ces pratiques. La conséquence directe touchera d’abord, l’agriculteur qui ne disposera pas de référentiels techniques et d’une base d’informations technico-économiques pour prendre les décisions judicieuses afin de gérer son exploitation, ce qui le rendra davantage dépendant des partenaires et réduira ses marges de manœuvres. Par ailleurs, toutes les recherches sur les systèmes de production en Algérie seront vouées à l’échec en l’absence de données fiables et pertinentes concernant les exploitations agricoles
Notes
262.

Joly N., 2004, Ecrire l’événement : le travail agricole mis en mémoire, sociologie du travail, n°4, vol.46, pp. 511-527