3.7.2 Formation de l’agriculteur et usage des documents pour la gestion

Nous avons voulu analyser l’impact de la formation sur les pratiques de gestion des agriculteurs, les résultats corroborent les tendances que l’on a déduit en analysant les pratiques des agriculteurs ayant un faible niveau d’instruction.

Tableau 56 Formation agricole en rapport avec l’usage des documents de gestion de l’exploitation
Tableau 56 Formation agricole en rapport avec l’usage des documents de gestion de l’exploitation

Cette enquête nous enseigne que la formation en agronomie n’a pas d’influence sur l’usage de documents de gestion de l’exploitation, en effet, 6 agriculteurs seulement déclarent avoir une formation agricole et tiennent des livres, et 3 utilisent les documents de vulgarisation, par contre le recours à un registre pour la gestion de l’exploitation est plus répandue, 23 d’entre eux déclarent l’utiliser. Doit-on en conclure que la gestion de l’exploitation n’est pas dans les actions prioritaires de l’agriculteur, et qu’il privilégie plus le travail de la terre au reste ou bien ce sont les services de vulgarisation qui ont négligé les aspects liés à la gestion de l’exploitation ?

Tableau 57 Gestion de l’exploitation en rapport avec « Agriculteur chef d’entreprise »
Tableau 57 Gestion de l’exploitation en rapport avec « Agriculteur chef d’entreprise »

Même si au regard des chiffres du tableau n°57, la gestion ne représente qu’une faible part de ses activités, l’agriculteur fait un ressort essentiel de l’opinion qu’il se fait de l’agriculteur comme chef d’entreprise, et ce, quel que soit son niveau d’instruction. Pour arriver à faire de l’exploitation une véritable entreprise qui nécessite compétences techniques et administratives, les agriculteurs sont disponibles à suivre une formation à la gestion, pour 36,8% d’entre eux, 38,8% pensent que le service de vulgarisation pourrait être mis à contribution pour l’apprentissage du métier et enfin 35,5% sont prêts à suivre un stage pratique dans une exploitation performante (tableau n°57). Le paradoxe né de l’analyse des pratiques de gestion qui semblent être totalement marginalisées par l’agriculteur et du plébiscite que les agriculteurs interrogés font de « l’agriculteur comme chef d’entreprise » nous amène à nous intéresser davantage au métier d’agriculteur. Deux constats se dégagent :

  • L’agriculteur est sensible à la perception de son métier auprès de l’environnement. En faisant une corrélation entre son métier et celui du chef d’entreprise, on voit apparaître chez l’agriculteur un sentiment de valorisation et de reconnaissance de son métier avec une ouverture à la modernité, ce qui est en contradiction avec l’opinion largement partagée d’un agriculteur, traditionnel et conservateur ;
  • L’ouverture à la formation professionnelle annonce une perception novatrice du métier de l’agriculteur, et devrait fournir une assise solide pour le service de vulgarisation afin de revoir ses priorités en matière d’actions. 36,8% d’agriculteurs questionnés expriment le besoin de suivre une formation en gestion de l’exploitation pour faire évoluer son statut;
  • Quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle et son niveau d’instruction, une volonté de parfaire la gestion de l’exploitation par le recours à l’apprentissage est largement exprimée (35,5%).