3.10.2 Les sources d’information professionnelle

3.10.2.1 Le document écrit

Les moyens d’accès à l’information n’ont pas évolué durant les différentes décennies, quant au repérage des documents, la majorité des acteurs du secteur pensent qu’il est relativement difficile. Selon l’enquête réalisée sur les pratiques et besoins informationnels des chercheurs en 2002, la production de documents de vulgarisation destinés aux agriculteurs et agents de vulgarisation constitue l’essentiel (52,17%) des activités des chercheurs.

Le bilan des activités de l’INVA pour la campagne agricole 2003/2004, évalue le volume global de la diffusion des supports écrits issus de ces activités à 6690 unités pour l’ensemble des productions agricoles, avec la répartition suivante :

Tableau 67 Diffusion des documents par l’INVA : année 2003-2004
Type de documents dépliants Brochures Affiches Documents
Le nombre 2575 1760 1000 1355

Comme nous le constatons, le nombre de documents diffusés est loin de couvrir les besoins des agriculteurs, à cela s’ajoute le problème de repérage, d’identification et de localisation des documents. A la question concernant les problèmes d’accès à l’information, 47,0% des effectifs déclarent ne pas connaître l’endroit où sont les documents et 45,6% mettent en avant la difficulté d’accès aux documents. Ces résultats corroborent ceux de l’enquête sur les pratiques et besoins en information des chercheurs en 2002267 qui met l’accent sur l’insuffisance d’outils de signalement, 51,66% de chercheurs interrogés considèrent que le recensement de l’IST produite par le SNRA est relativement difficile et 40% très difficile. A la question concernant l’accès à l’IST produite par le SNRA, 86,15% des chercheurs interrogés affirment qu’elle est quasiment inaccessible. Si au niveau de la recherche, l’accès difficile aux sources d’information se pose avec une telle acuité, la difficulté pour les agriculteurs est beaucoup plus accentuée, car obligés de se rapprocher des différentes institutions agricoles pour accéder à l’information. On retrouve bien le poids de cette obligation de déplacement individuelle, et de l’absence d’une approche fédérative pouvant être conduite par les institutions mises en place en vue d’organiser l’accès à l’information et au savoir faire. Par rapport à ce constat, nous pouvons alors, à juste titre, nous poser les deux questions suivantes :

  • Pourquoi les chercheurs des instituts techniques chargés de l’appui à la production passent plus de la moitié de leur temps à produire des documents, qui n’atteindront pas l’utilisateur final, qui est l’agriculteur ?
  • Quels sont les objectifs de l’institut national de la vulgarisation agricole, si d’une part, il ne met pas en place des outils de repérage de l’information produite par le secteur agricole, et d’autre part, il ne produit pas les documents de vulgarisation en nombre suffisant pour couvrir les besoins des agriculteurs ?

71,7% des agriculteurs déclarent en effet ne pas connaître les publications du secteur (tableau n°68), les conclusions de l’enquête montrent clairement que les agriculteurs vivent en marge des activités d’appui à la production initiées par le secteur agricole. Ce recoupement avec le point précédent (cf p. 207 et 208), où le contexte professionnel dans lequel les agriculteurs exercent leurs activités est un facteur contraignant, ne peut mieux décrire le poids de l’environnement sur les pratiques informationnelles de l’agriculteur.

Les réponses aux questions concernant les titres des publications des services agricoles connus par l’agriculteur varient selon le niveau d’instruction des agriculteurs. Ceux qui ont un bon niveau d’instruction, connaissent et présentent en général les titres par grands domaines, les agriculteurs ayant un faible niveau d’instruction citent seulement les documents produits par les fournisseurs d’intrants agricoles (prospectus, dépliants...).

Tableau 68 Connaissances des publications agricoles
Tableau 68 Connaissances des publications agricoles

71,7% des agriculteurs enquêtés affirment ne pas connaître les revues publiées par les instituts techniques d’appui à la production (il faut rappeler que les publications des différents instituts techniques sont de niveau vulgarisation destiné aux agriculteurs particulièrement pour les catégories de fiches techniques, guides...).

Tableau 69 Revues utilisées dans les activités agricoles
Tableau 69 Revues utilisées dans les activités agricoles

Parmi les revues produites par le secteur agricole utilisées par l’agriculteur, « la feuille agricole » avec 22,7% arrive en tête de liste, suivie de « la revue INRA » avec 19,3% et de « céréaliculture » avec 18,5%, « les annales de l’INA » ayant un niveau de recherche fondamental ne sont utilisées que par 11,8% d’agriculteurs (tableau n°69)

Tableau 70 Usage des revues professionnelles /la formation
Tableau 70 Usage des revues professionnelles /la formation

On croisant la variable « revues utilisées » en rapport avec la variable « formation agricole », on déduit que l’usage des revues professionnelles n’est pas lié à la formation agricole, sauf pour les revues de recherche, à titre d’illustration :

  • Pour la revue « feuille agricole », près d’un tiers qui ont une formation en agriculture déclarant utiliser cette revue ;
  • Près d’un tiers d’agriculteurs qui ont une formation en agriculture utilise également la revue « céréaliculture »,;
  • Inversement, quant il s’agit de l’usage de revues de niveau de recherche fondamentale, comme les « annales de l’INA » le critère « formation agricole » reprend toute son importance, ainsi, parmi les agriculteurs qui n’ont pas de formation en agronomie, aucun n’utilise les « annales de l’INA », et les revues plus généralistes comme « Macirevue » et « Feuille agricole ». Paradoxalement, la moitié des agriculteurs utilise « la revue INRA » publiée par une institution de recherche fondamentale sans avoir une formation en agriculture ;
  • 137 agriculteurs affirment connaître les dégâts sur les cultures. Parmi eux 109 répondent ne pas connaître les revues professionnelles citées. Il est évident que l’impact de l’usage des revues professionnelles est quasiment insignifiant ;
  • A priori, on relève que la formation agricole exerce une influence sur la connaissance des sources d’information. En effet, 95 des personnes interrogées qui utilisent les différentes revues publiées ont une formation en agronomie ;
Notes
267.

Anseur Ouardia. Besoins et usages de l’information par les chercheurs dans le secteur agricole. Mémoire de magistère, Bibliothéconomie, Département de bibliothéconomie et des sciences documentaires, Alger, 2002.