Valoriser les connaissances locales et encourager l’agriculteur à produire de l’information

Les agriculteurs mobilisent un certain nombre de connaissances, et adoptent souvent l’apprentissage continu comme moyen d’acquérir de nouvelles connaissances. Toutefois ces connaissances ne font pas l’objet d’études par le système de recherche agricole pour valider les contenus et prendre en compte ces savoirs dans le processus de transfert des technologies. La modernisation de l’agriculture par l’industrialisation a rendu les fournisseurs en facteurs de production détenteurs de pouvoir de décision au niveau de l’exploitation agricole. Ainsi, faute d’être utilisées par les agriculteurs, beaucoup de techniques et de connaissances locales tendent à disparaître.

Sur un autre plan, notre enquête révèle que les agriculteurs ne produisent pas de l’information dans le cadre de l’exercice de leurs activités professionnelles, ils gèrent leurs exploitations sans utiliser des outils de gestion. On constate l’absence des « écrits de travail » Jolie Nathalie280 dans ses différentes dimensions : économique, technique, agronomique. Cela va poser sans doute un double problème : la nécessité d’avoir des données pour l’agriculteur en vue de prendre des décisions, et permettre à la recherche et la vulgarisation de disposer d’un matériau indispensable pour l’étude des systèmes de production et leur évolution. La dominance des approches socio-économiques et productivistes n’a pas favorisé l’émergence de réflexion autour du statut social et culturel de l’agriculteur (producteur et consommateur de l’information, de connaissances). Ces approches n’ont pas contribué non plus à l’investissement immatériel par la production de connaissances pour l’action. Aujourd’hui il s’avère urgent de créer des passerelles entre le monde de la recherche agricole et celui des agriculteurs, à partir de problématiques qui réconcilient les connaissances et les expériences accumulées au fil des générations d’agriculteurs avec la recherche scientifique.

Notes
280.

Jolie Nathalie. Ecrire l’événement : le travail agricole mis en mémoire. Sociologie du travail, n°46, 2004, pp. 511-527.