IV.3.1. Cadre et schème

La notion de « schème » est mobilisée en psychologie et particulièrement au sein de la psychologie génétique de Jean Piaget. Selon le psychologue suisse, la pensée humaine n’est ni un élément inné, ni tributaire des simples sensations. C’est dans la confrontation au monde que l’individu, principalement l’enfant, développe des unités intellectuelles élémentaires : les schèmes. Ces derniers renvoient à « ce qui, dans une action est transposable dans les mêmes situations ou généralisables dans les situations analogues »219. Chez Piaget, le schème n’est pas perceptible (« on perçoit une action particulière mais pas son schème ») et ce n’est qu’à travers la répétition de l’action que l’individu peut éventuellement prendre conscience de ses implications. Le schème est « à l’intérieur du sujet » ; il est « le décalque intériorisé d’un ensemble d’actions (ayant une même finalité) qui se répètent et se généralisent pour se stabiliser »220.

Schème  et  cadre partagent ainsi plus qu’un air de famille. L’un et l’autre renvoient aux structures du savoir et à l’organisation de la connaissance « à toute fin pratique ». Néanmoins, alors que, dans une perspective psychologique, le schème renvoie au rapport de l’individu à son environnement (le schème de préhension chez l’enfant, par exemple), dans une perspective plus sociale et culturelle, le cadre renvoie, quant à lui, au rapport que l’individu entretient non seulement avec son environnement mais aussi avec les autres. Contrairement au cadre, le schème ne renvoie à aucune communauté en ce qu’il ne vise pas le partage de l’expérience et de la connaissance. En ce sens, le cadre offre une réponse interprétative plus large. Si l’on cherche à qualifier l’articulation des deux notions, sans doute peut-on alors parler d’un rapport de surdétermination du cadre sur les schèmes individuels.

Notes
219.

PIERON Henri, Vocabulaire de la psychologie,  Paris : PUF, 1968, p. 389

220.

CHALON-BLANC Annie, Introduction à Jean Piaget, Paris : L’Harmattan, 1997, p. 83