I. L’événement discursif

Dès 1966, Emile Benveniste insiste sur la valeur d’acte de l’énoncé performatif et précise qu’ « il est événement parce qu’il crée l’événement »²³⁶. Cette conception est ensuite développée par certains à l’ensemble des énoncés. C’est le cas de Michel Foucault qui encourage alors à traiter l’énoncé à travers sa singularité événementielle²³⁷. Il s’agit de le traiter « dans son irruption historique », d’illustrer « l’incision qu’il constitue, cette irréductible –et bien souvent minuscule- émergence »²³⁸. C’est à cet ambitieux programme que s’attache l’historien des discours Jacques Guilhaumou à partir du début des années 80 : « L’événement ne renvoie plus seulement au contexte externe, il concerne les représentations, les interprétations du social »²³⁹. C’est à ce titre qu’il précise dans le Dictionnaire d’analyse du discours que « le retour de l’événement en analyse du discours s’est accentué au point de rejoindre, au cours des années 90, l’événementialisation actuelle du mouvement social, dans son lien avec le passé, la mémoire et l’histoire »²⁴⁰. L’articulation entre l’événement de l’espace discursif et l’événement de l’espace politique et social est l’objet de cette partie.