III.2.3. Des attributs du cadre

Le cadre antimondialisation est un cadre épisodique mobilisé dans une dynamique événementielle. Il est issu de la relation que les médias entretiennent avec les discours des acteurs sociaux : le discours militant et le schéma actanciel qu’il privilégie rencontrent le cadre générique du conflit. Dès lors, le conflit avec une institution internationale est l’attribut fondamental du cadre antimondialisation que le label vient attester dans un processus de catégorisation-identification. A Seattle, cette convergence de cadres s’inscrit dans un imaginaire de la souveraineté populaire qui dépasse l’horizon national. A la suite de Seattle, un paradigme se constitue par la répétition du cadre. Ceci dit, il faut préciser quelques attributs du cadre encore non-évoqués. Nous retrouvons ici la perspective initiée par William Gamson et Andre Modigliani quand ils étudient les discours médiatiques relatifs à l’énergie nucléaire au cours de la seconde moitié du XXe siècle454. Leur concept de panoplie [package] recouvre un ensemble d’éléments auxquels nous n’accordons aucune valeur coercitive. Pour rappel : chaque panoplie participe à la densification du cadre interprétatif en ce qu’elle mobilise métaphores [metaphors], exemples [exemplars], des mots d’ordre [traduction imparfaite de catchphrases], et référents iconiques [visual images].

Le cadre fournit et répète des symboles, des emblèmes et des stéréotypes qui fonctionnent comme autant de marques identitaires relevant du processus de catégorisation-identification. Ces manifestations identitaires peuvent affecter aussi bien des lieux (comme Seattle ou, comme nous le verrons, Gênes) mais aussi des personnes, des images et des discours à forte valeur performative (mots d’ordre, slogans455). Elles contribuent, par leurs mobilisations répétées, à stabiliser le cadre et relèvent de la catégorie du lieu discursif en ce sens qu’il offre une prise sur le mouvement, autrement dit la matière à l’évaluation et aux commentaires.

Notes
454.

GAMSON, MODIGLIANI 1989

455.

La distinction entre le « mot d’ordre » et le « slogan » nous paraît infime et accessoire et c’est pourquoi nous les utilisons comme synonyme.