I.4.5. La Croix et Les Echos : amertume et évaluation a minima

La Croix, dont l’édition du week-end n’abordait pas les événements de Gênes, leur réserve sa Une le lundi 23 juillet (« Le G8 confronté à ses limites »). L’éditorial, situé lui aussi en Une, renvoie dos-à-dos des dirigeants politiques qui « ne sauraient continuer à s’isoler dans un réduit hyper-protégé, plus ou moins sourds aux clameurs des citoyens » et des « contestataires » qui « doivent comprendre qu’organiser des grandes démonstrations sans s’assurer qu’elles ne dégénèrent pas par la faute des casseurs finira par dénaturer ou trahir leurs engagements ». Fidèle aux discours tenus depuis Seattle, l’éditorialiste Jean-Luc Macia, rappelle que le G8 participe à une régulation de la mondialisation qu’il faut préférer « à un libéralisme sauvage ». En pages intérieures, rubrique « Monde », l’article principal est intitulé « Le sommet du G8 éclipsé par la guérilla urbaine » et se conclut par un constat amer :

‘« Une certitude, Gênes a marqué la fin des G8 opulents. Une page se tourne après des violences sans précédent. En moins de soixante-douze heures, un mort, 500 blessés, 126 arrestations. Fallait-il en arriver là pour entendre les voix d’un autre monde ? » 605

L’événement disparaît ensuite de La Croix dont nous retenons de son évaluation de l’événement la modération et la volonté de s’instaurer comme « juge impartial ».

Les Echos proposent un traitement du contre-sommet a minima puisque celui-ci se clôt après l’édition du lundi. L’article principal « Sommet de Gênes : bilan mitigé pour un G8 au goût amer »606 :

‘« Un mort, des dizaines de blessés, des centaines d’arrestations, une mise à sac… au débit du G7-G8 de Gênes, les manifestations et leurs conséquences pèsent lourd. Et ce sommet restera sans doute dans les mémoires comme celui où un jeune manifestant est mort plus que celui des grandes avancées de la gouvernance mondiale. » 607

Ce que retiennent La Croix et Les Echos, c’est l’occasion manquée. Pour le premier, c’est l’amertume de voir la question de la dette et de la pauvreté dans le monde éclipsée par la question des violences ; pour le second, c’est le regret de voir le bilan d’un grand sommet politique réduit à celui, humain et matériel, des actes de violences.

Notes
605.

« Le sommet du G8 éclipsé par la guérilla urbaine », 23-07-01, La Croix

606.

« Sommet de Gênes : bilan mitigé pour un G8 au goût amer », 23-07-11, Les Echos

607.

« Sommet de Gênes : bilan mitigé pour un 8 au goût amer », 23 -07-01, Les Echos