III. Des processus de circulation à l’assimilation

Si nous évoquons des processus de circulation et non de diffusion, c’est pour rappeler, une nouvelle fois, que les acteurs de l’espace social (et parmi eux les médias) entretiennent des relations d’une telle complexité qu’un modèle linéaire de la communication ne peut pas en rendre compte.

L’altermondialisation (alors « antimondialisation ») émerge de l’événement ; elle y prend forme, par la médiation du label, dans un paradigme événementiel qui, liant, organisant et coordonnant, rend possible son identité et son récit. Le cadre appliqué à l’altermondialisation est alors épisodique et s’actualise à chaque opportunité événementielle. Ce cadre épisodique s’inscrit dans une dialectique du sens et de l’événement qui s’émousse avec la banalisation des contre-sommets et autres événements labélisés. L’événement (contre-sommet, forums mondiaux, forums régionaux…) tend, en effet, à s’effacer de l’espace des discours de presse : est-ce à dire que l’altermondialisation a vécu ? est-ce à dire qu’elle est à ranger dans les archives de l’événement ? Il semble que la réponse à apporter soit négative. Certes, le cadre épisodique n’existe plus et le paradigme événementiel perd sa capacité de structuration ; mais il est remplacé par un cadre thématique, émancipé de sa relation à l’événement et, finalement, beaucoup plus mobile.