Conclusion

Ces quelques remarques nous ont permis de souligner des convergences. Nous voyons que les avancées face à des problèmes affrontés en art par Alberto Giacometti font retour vers les poètes. Il nous faut maintenant entrer dans les différents processus créatifs pour voir les modalités de reprise de ces questions ouvertes qui auront été portées plus avant par l’artiste et clarifiées en partie par les philosophes. Nous nous proposons dès lors dans trois études particulières de voir remonter vers les poètes la mise en question des rapports entre réel, perception et langage effectuée par Alberto Giacometti. La première portera sur Francis Ponge qui n’a pas attendu Giacometti pour prendre le parti des choses, mais à qui le sculpteur a posé la question de l’homme, lui révélant une « dimension du réel qui échappe par essence à toute saisie »1918. La deuxième cherchera chez Yves Bonnefoy la définition progressive à partir de l’œuvre de Giacometti d’un art qui guérirait du concept. La troisième portera sur André du Bouchet chez qui le questionnement de l’œuvre de Giacometti conduit à l’invention d’une « langue peinture », une langue qui répercute le heurt continuel de celui qui voit et parle contre une montagne de perceptions, l’avalanche à chaque instant du réel. De ce heurt la « langue peinture », comme le dessin de Giacometti, est ce qui a subi l’arrêt, avant de repartir.

Notes
1918.

Michel Collot, ibid., p. 97.