2.4. Nos choix théoriques

Nous retenons alors de cet examen, dans un premier temps, une catégorisation en trois types de décisions :

Dans un second temps, nous postulons qu’une action est le résultat d’une décision, qu’elle soit consciente ou provenant de l’activation d’un schème ou d’une matrice pragmatique ; l’enseignant prend des décisions dans une situation en présence d’acteurs et de ressources. Dans cette perspective, nous nous basons dans notre travail sur les approches qui prennent en considération l’action en situation, notamment les travaux de Sensevy. Notre travail consiste à étudier les décisions didactiques15 de l’enseignant lors du déroulement effectif de son enseignement. Le savoir enseigné joue un rôle important dans le processus de prise de décision d’un enseignant. Une action didactique est le résultat d’une décision qui prend en considération le savoir en jeu. En effet, selon Sensevy (2007, page 9) « les savoirs donnent leurs formes aux pratiques d’enseignement et d’apprentissage […] comprendre l’action, c’est comprendre comment le contenu propre de cette action la spécifie ».

Ces trois types de décisions ne sont pas indépendants ; les décisions proactives et retro-interactives sont toutes prises en fonction de l’interaction qui aura lieu dans la classe. Pour cela nous considérons que même si l’enseignant prend des décisions avant ou après l’interaction, leur application nécessite des décisions interactives en relation avec le déroulement réel de la classe ; par exemple si un enseignant avait prévu dans sa planification de présenter la notion de « bornes » aux élèves, son introduction dans l’interaction nécessite une décision interactive même si elle était déjà prévue à l’avance.

Nous considérons, par conséquent, que comprendre les décisions d’un enseignant c’est comprendre l’action de l’enseignant dans le contexte dans lequel elle se forme. Pour saisir la genèse d’une décision, il faut articuler la dimension verbale et non verbale présente dans son action en classe et le contexte de la situation. Cela nous mène à définir trois composantes de l’action pour identifier une décision : la raison, l’indicateur et le résultat.

Les raisons d’une décision sont des inférences que nous faisons à partir de l’observation de la situation elle-même, et/ou à partir de l’entretien fait après chaque séance d’enseignement. Ces raisons nous permettent de donner un sens au choix de l’enseignant.

L’indicateur consiste en une action (verbale ou non verbale) par laquelle nous reconnaissons que l’enseignant a pris une décision.

Le résultat d’une décision estl’action qui consiste à mettre en application la décision prise.

Nous revenons aux détails de ces composantes dans la partie méthodologique.

Notes
15.

« L’action didactique c’est ce que les individus font dans les lieux (des institutions) où l’on enseigne et où l’on apprend » (Sensevy, 2007, page 14).