4.1.1. Les thèmes et sous-thèmes

Selon Tiberghien & al (2007, page 97) « l’analyse thématique permet de structurer le savoir enseigné à l’échelle méso[scopique] par son contenu. Les productions discursives peuvent être divisées en unités à des échelles de temps de l’ordre de quelque(s) dizaine(s) de minutes. Ces unités ont une structure, avec des frontières et une cohérence thématique. La plupart du temps elles incluent une introduction et une conclusion, la majorité des énoncés est reliée au même thème ». Un thème est le sujet central de la discussion en classe pendant un intervalle de temps donné. Par extension, ce mot désignera l’ensemble des productions discursives qui se déroulent en classe pendant cet intervalle de temps.

Dans un premier travail sur l’étude des décisions retro-interactives16 (Badreddine & Buty, 2007a), nous avons montré que la prise de décision s’effectue sur des grains différents du savoir enseigné. Elle peut se situer sur un niveau de « connaissances », un sous-thème et un thème. Ces premières observations nous ont poussée à approfondir notre travail sur l’étude des décisions en interactions, plus particulièrement celles qui sont en relation avec le savoir enseigné. Étant donné la granularité de l’unité thématique, nous avons reconsidéré notre choix de l’unité d’analyse. Nous pensons que ce niveau d’analyse ne nous permettra pas d’accéder aux décisions de l’enseignant. Nous supposons que pour voir une décision nous avons besoin d’étudier l’action de l’enseignant dans sa construction dans l’environnement de travail, en particulier dans la situation d’enseignement/apprentissage. En effet, nous ne pouvons pas séparer la définition du savoir enseigné de l’étude de la communication en classe, et du rôle des productions verbales et non verbales dans la construction du sens17. Nous considérons que le savoir enseigné n’est pas indépendant de l’analyse du discours ; au contraire, nous croyons qu’il se construit au sein d’une interaction que l’enseignant met en place à travers les élèves en interagissant avec tous les éléments de la situation dans laquelle il se trouve. Selon Tiberghien & Malkoun (2007, page 31) « [les] actions prennent place au sein d’un processus de communication. La compréhension par le professeur et les élèves d’un énoncé peut être bien différente ; il y a alors plusieurs savoirs. Ces savoirs ne sont pas des données, ils sont seulement en jeu dans les productions verbales (orales ou écrites) et gestuelles des acteurs en contexte. Chaque acteur construit une signification et le chercheur va « reconstruire » ces significations. […] Cette reconstruction vise à expliciter le savoir en jeu, il ne s’agit pas de se limiter aux étiquettes désignant le contenu. […] « Ces étiquettes renvoient aux énoncés des professeurs […] ».

Dans cette perspective, nous nous reposons sur les travaux de Mortimer dans sa définition d’ « épisode » afin de reconstruire l’action de l’enseignante et d’étudier ses décisions.

Notes
16.

Nous définirons le terme « décision retro-interactive » dans le paragraphe « Décisions » de ce chapitre.

17.

En effet, nous avons montré dans un travail antérieur, la relation existante entre le découpage en thème et le découpage en épisode (Badreddine & al, 2007)