4.2. L’approche communicative

Nous emploierons les deux catégories de discours dialogique ou autoritatif, dans certaines analyses que nous allons présenter dans la partie résultats.

Suivant Mortimer & Scott (2003, page 33, notre traduction), « le concept d’approche communicative s’appuie sur les façons avec lesquelles l’enseignant travaille avec ses étudiants pour aborder les différentes idées qui émergent durant une leçon ». Autrement dit, c’est « la façon dont l’enseignant organise (plus ou moins) la confrontation de ces points de vue » (Buty & Badreddine, à paraître). Nous considérons que cet élément « est un élément important de l’analyse du discours didactique dans la classe » (idem).

Mortimer & Scott (2003) présentent deux dimensions pour la catégorisation du discours entre les deux acteurs, l’enseignant et les élèves. Ils définissent la dimension dialogique et autoritative du discours et la dimension interactive et non-interactive. Ils ont défini ainsi quatre classes « fondamentales de l’approche communicative » à partir de la combinaison de ces deux dimensions. Nous nous intéressons dans notre travail à la première dimension. Mortimer & Scott (2003, page 33, notre traduction), qualifient un discours de dialogique quand « l’attention est donnée à plus qu’un seul point de vue, plus qu’une voix est entendue, et il existe une exploration et une interanimation des idées » (“Attention is paid to more than one point of view, more than one voice is heard, and there is an exploration or ‘interanimation’ (Bakhtin, 1934/1981) of ideas (…)”). Le discours est au contraire qualifié d’autoritatif quand l’attention est centrée sur un seul point de vue, quand une seule voix est entendue et lorsque l’exploration des différentes idées est absente (“Where attention is focused on just one point of view, only one voice is heard and there is no exploration of different ideas”) (idem). 

Buty & Badreddine (à paraître) précise que l’utilisation du mot autoritatif peut porter à confusion. En effet, « Ce qui est […] désigné chez l’enseignant, ce n’est pas sa capacité à évaluer les élèves, à leur demander de se taire, de se mettre en rang ; c’est sa capacité à constituer une référence pour leurs points de vue, relativement au savoir à enseigner. Relèverait du même malentendu, au fond, l’idée plus ou moins explicite qu’adopter une approche autoritative c’est « mal » et qu’adopter une approche dialogique c’est « bien » ; cela ramènerait à la confusion d’autoritatif et d’autoritaire ».

Scott, Mortimer & Aguiar (2006) insistent sur l’idée que les deux approches ont une relation dialectique, et le rôle de l’enseignant est de doser de façon pertinente le recours à l’une ou à l’autre. En effet, un enseignant peut alterner et jouer dans son discours entre les deux approches (dialogique et autoritative) suivant la situation dans laquelle il se trouve de façon à rythmer l’interaction avec les élèves et par conséquent gérer l’avancée et l’agencement du savoir enseigné.