6.2. Les registres sémiotiques

Il s’agit maintenant d’analyser un discours particulier, celui qui se tient en classe de sciences. Il a des spécificités qui découlent évidemment des spécificités du type de discours scientifique. Et celui-ci est multimodal (Kress, Jewitt, Ogborn & Tsatsarelis, 2001), ce qui, exprimé dans la tradition de la didactique française, revient à dire qu’il utilise une pluralité de registres sémiotiques (Duval, 1995). Lemke (1998) attribue un caractère nécessaire à cette pluralité, à partir de l’idée que le langage naturel, basé sur des oppositions binaires et des catégorisations discrètes, est mal outillé pour décrire les grandeurs continues et leurs covariations utilisées pour décrire les phénomènes des sciences de la nature. Pour lui, les figures géométriques, les schémas, les nombres, les équations mathématiques, les graphes, sont les outils de remplacement que les communautés scientifiques se sont progressivement forgées pour suppléer aux lacunes du langage naturel. De la même façon que la variation des différents mondes peut représenter des décisions chronogénétiques, le changement d’un registre sémiotique à un autre représente une décision en relation avec la progression du savoir enseigné. L’enseignant peut ralentir ou accélérer sa progression en décidant de passer d’un registre à un autre ou de les mettre en relation.