7. L’intention didactique

7.1. Définition de la notion d’intention

L’intention est définie dans le langage commun comme une « disposition d'esprit, mouvement intérieur par lequel une personne se propose, plus ou moins consciemment et plus ou moins fermement, d'atteindre ou d'essayer d'atteindre un but déterminé, indépendamment de sa réalisation, qui peut être incertaine, ou des conditions qui peuvent ne pas être précisées ». (Trésor de la Langue Française Informatisé, TLFI19)

Même si l’utilisation des intentions dans certains travaux semble diverger en plusieurs types, ils partagent la même définition. Dans son travail sur les décisions, et dans le but de localiser une dimension du « déjà là décisionnel » de l’enseignant, Carnus (2001, page 103) définit l’intention comme une « tension vers un but, la direction vers un objet ». Elle précise la difficulté à accéder à une telle dimension en situation. Ces intentions ont été localisées à partir de la verbalisation des enseignants lors des entretiens et avant le contact des enseignants avec l’ingénierie didactique20. Pour Bruner (1983, cité par Carnus, 2001, page 103) « il y a intention lorsqu’il y a orientation et persévérance ». Mortimer & Scott (2003) parlent de « Teaching purposes » dans leurs travaux sur l’interaction dans les classes de sciences (intention d’enseignement). Pour localiser une intention en interaction, ces deux auteurs se centrent sur la question suivante :

‘‘the observer might reflect, at any point in the proceedings, on the question What is the teacher trying to achieve here?’ In other words, what is the purpose of the teaching during this phase of the lessons, with regard to the science being taught?” (Mortimer & Scott, 2003, page 28)’

Ces auteurs ajoutent :

‘“It is clear that as a sequence of teaching progresses, different teaching purposes are addressed and thus each purpose relates to a particular phase of a lesson, or sequence of lessons[…] ” (idem). ’

Cela dit, pour comprendre les décisions chronogénétiques d’un enseignant à une échelle microscopique, nous avons décidé de les situer par rapport à une échelle mésoscopique de la séance. Nous avons choisi d’utiliser la notion d’intention pour ce faire, parce que nous pensons que cette entité est en relation directe avec les décisions d’un enseignant. En effet, ces deux entités traitent la réalité de l’activité de l’enseignant en classe. L’enseignant rentre en classe avec une série de buts fixée préalablement. Celle-ci subit des changements en interaction. L’intention de l’enseignant ne se restreint pas au savoir mais s’étend à d’autres dimensions. En ce qui nous concerne nous nous intéressons à la dimension chronogénétique de cette intention. Nous postulons que l’intention d’un enseignant est orientée par ses actions face à la réalité fortuite de la situation d’enseignement/apprentissage. Autrement dit, cette intention peut être reconstruite à partir de l’enchainement et l’articulation des décisions chronogénétiques sur le plan mésoscopique de la séquence.

Notes
20.

Cf. Page 19 les décisions retro-interactives.