1.3. La répartition des épisodes de différentes natures dans les deux classes.

Nous traitons dans cette partie la distribution des différents épisodes suivant leurs natures (tableau 1.4 et 1.5). Comme nous l’avons dit, nous avons réparti 2093 épisodes suivant quatre catégories.

Sur les 2093 épisodes nous n’avons repéré que 17 épisodes qui pouvaient appartenir à deux catégories différentes. Compte tenu de ce faible nombre, nous avons repris le codage de ces épisodes en faisant le choix de leur attribuer une seule valeur de la catégorie nature des épisodes. Afin de ne pas perdre la particularité de ces épisodes, nous les avons affectés par un mot clé « recouvrement », permettant de les repérer pour des études ultérieures.

Tableau 1.4 nombre des épisodes rapporté à 10 h du temps d’enseignement et leur pourcentage dans chaque classe en fonction de la « nature des épisodes »
  Gestion de l'ordre Contenu Gestion de la classe Expérimentaux total des épisodes repérés
Classes A+B Effectif des Episodes 136 1327 481 149 2093
% épisodes 6 63 23 7 100
Classe A Effectif des Episodes 50 722 254 90 1116
Nombre absolu rapporté à 10 h 43 627 221 78 970
% Effectif des épisodes 4 65 23 8 100
Classe B Effectif Episodes 86 605 227 59 977
Nombre absolu rapporté à 10 h 88 622 233 61 1005
% Effectif des épisodes 9 62 23 6 100

Le tableau 1.4 est représentatif des actions de l’enseignante dans sa classe. Il est le résultat du découpage en épisode par rapport à la catégorie « nature des épisodes » (en colonne). Dans ce tableau, nous avons calculé, en ligne, respectivement pour l’ensemble des deux classes, la classe A et la classe B :

Tableau 1.5 Calcul du temps consacré à chaque catégorie d’épisode, rapporté à 10 h du temps d’enseignement dans chaque classe
  Gestion de l'ordre Contenu Gestion de la classe Expérimentaux total en temps des épisodes repérés
Classes A+B temps total 00:50:00 15:28:04 03:39:08 01:16:38 21:13:50
% temps total 4 73 17 6 100
Classe A Temps total 00:15:53 08:26:30 01:56:07 00:51:59 11:30:29
Temps rapporté à 10 h 00:13:48 07:20:08 01:40:54 00:45:10 10:00:00
% temps total 2 73 17 8 100
Classe B Temps total 00:34:07 07:01:34 01:43:01 00:24:39 9:43:21
Temps rapporté à 10 h 00:35:05 07:13:36 01:45:57 00:25:21 10:00:00
% temps total 6 72 18 4 100

Le tableau 1.5 représente les calculs des pourcentages en fonction des durée totale des épisodes (ligne) pour chaque valeur de la catégorie « nature des épisodes » (colonne). Nous avons calculé respectivement pour l’ensemble des deux classes, la classe A et la classe B :

La dernière colonne de ce tableau représente le total en temps et en pourcentage temporel des épisodes repérés.

Figure 1.1 ces deux graphes représentent la comparaison du pourcentage de l’effectif d’épisodes (tableau 1.4) avec le pourcentage temporel (1.5) total pour chaque nature d’épisode respectivement pour la classe A (graphique 1) et la classe B (graphique 2)

Les graphiques 1 et 2 (figure 1.1) sont générés à partir des tableaux 1.4 et 1.5. Ils mettent en relation le pourcentage des effectifs des épisodes et le pourcentage temporel total des différentes valeurs de la catégorie « nature des épisodes » pour la classe A (figure 1.1, graphique 1) et pour la classe B (figure 1.1, graphique 2).

Si nous comparons les caractéristiques de la classe A et celles de la classe B en ce qui concerne la nature des épisodes, nous pouvons faire une première remarque :

Nous pouvons déjà dire que le découpage en unité discursive va dans le sens de la réalité de la classe. Il est normal que le discours sur le contenu enseigné ait la proportion la plus élevée du discours de l’enseignante en classe avec la gestion de l’ordre. En effet, le discours de l’enseignante tourne autour du savoir enseigné, ce type de discours est stable et dure plus longtemps que les autres types d’épisodes. Pour faire avancer le savoir, l’enseignante organise sa classe, gère l’avancée des activités et des manipulations.

Même si cet écart demeure relativement faible, il n’est pas dissociable de ce qui se passe réellement en classe. En effet, ces observations mettent en évidence une différence entre la classe A et la classe B sur le discours de l’enseignante consacré à l’expérience d’une part et celui consacré à la gestion de l’ordre d’autre part. Nous avons observé ces différences lors du traitement des bandes vidéo de la séquence. Ces deux observations sont aussi mises en évidence par l’entretien de l’enseignante.

Lors de son entretien avant enseignement, l’enseignante trace le profil de la classe A et de la classe B ; on est à la fin de l’année scolaire, l’enseignante est supposée bien connaître ses élèves. L’enseignante affirme suite à une question que nous lui avons posée (transcription 1.1 et 1.2) :

Cette affirmation justifie la différence existant entre la classe A et la classe B sur le plan de la gestion de l’ordre.

En outre, l’écart existant sur les épisodes expérimentaux n’est pas non plus surprenant. La réalité du déroulement de la séance l’explique. La classe A effectue une manipulation de plus que les élèves de la classe B. En effet, la classe A avait manipulé le moteur lors de la séance S06A. Lors de cette séance, l’enseignante ne réussit pas à faire produire aux élèves la conclusion que le courant a un seul sens. Alors elle décide de retirer cette manipulation de la classe A et de la classe B en la remplaçant par l’activité de la DEL (transcription 1.3). Par conséquent, les élèves de la classe B auront fait une manipulation en moins.

De plus, la dernière séance de la classe A est consacrée à la « reprise » de quelques questions des élèves ; l’enseignante avait « annoncé » ces questions lors du déroulement de la séquence : l’enseignante présente la notion de court circuit aux élèves de la classe A et reprend la notion de conducteur isolant en manipulant face à la classe entière (S014A). Ceci n’a pas été le cas de la classe B. La raison en est bien soulignée dans l’entretien après enseignement de la S13A et la S14A et est du en particulier à une caractéristique des élèves de la classe A (transcription 1.4) :

Ce que nous venons de discuter donne une idée de la validité de notre méthodologie d’analyse : le découpage en épisodes. Nous venons de voir que les différences entre les deux classes, présentées par les graphiques figure 1.1 et concernant les épisodes de gestion de l’ordre et les épisodes expérimentaux, correspondent d’une part à une impression de l’enseignante et d’autre part à la différence de profil des élèves de la classe A et de la classe B.

A partir de ces épisodes, nous caractérisons des petites actions élémentaires dans le déroulement de la classe. Nous avons procédé à une discrétisation en unités discursives : nous avons transformé le « continu » du déroulement de la classe en éléments discrets.

Cette discrétisation représente une hypothèse forte sur la nature du discours dans la classe ; autrement dit, des parties du discours peuvent jouer plusieurs rôles en fonction des problématiques de la recherche. Cela est possible parce que nous utilisons des unités d’analyse microscopiques.