2.1.2. Caractérisation des décisions temporelles

Nous avons croisé la catégorie temporelle avec les différentes nature d’épisodes, afin que nous puissions comprendre si cette catégorie relève d’une nature spécifique d’épisode.

Le tableau 2.3 représente le résultat de ce croisement pour l’ensemble des épisodes des deux classes A et B. Il contient l’effectif et le pourcentage de chaque valeur de la catégorie temporelle (en ligne) par rapport aux natures des épisodes (colonne). La dernière colonne représente le total des effectifs et des pourcentages pour chaque valeur.

Tableau 2.3 ce tableau représente la répartition en effectif et en pourcentage des « décisions temporelles » en fonction de la catégorie « nature des épisodes », pour l’ensemble des deux classes.
Nature épisodes

Décisions temporelles
Gestion de l'ordre Contenu Gestion de la classe Experimental Total des épisodes par valeur de la catégorie « décisions temporel »
Effectifs « Progresser » 1 94 95 12 202
% 0 47 47 6 100
Effectif « s'attarder » 6 208 14 9 237
% 3 88 6 4 100

Le graphique de la figure 2.3 permet de mettre en lumière le résultat du croisement des valeurs de cette catégorie par rapport à la nature des épisodes :

En revanche, 47 % relèvent des épisodes de gestion de la classe (Tableau 2.3, 95 épisodes sur 202). Le reste se répartit entre des épisodes expérimentaux (Tableau 2.3, 6%, 12 épisodes sur 202) et des épisodes de gestion de l’ordre (Tableau 2.3, 1 épisodes sur 202)

Figure 2.3 ce graphique représente la répartition du pourcentage des effectifs des différentes valeurs de la catégorie « décisions temporelles » en fonction des valeurs de catégorie « nature des épisodes ».

Ces épisodes de gestion (figure 2.3) sont en relation avec la chronogenèse, ils marquent une temporalité et un rythme de la classe ; par exemple l’enseignante décide de ne pas répondre à la question d’un élève, elle décide de poursuivre sa progression. Nous donnons le cas de l’épisode 83 de la séance 5A. Lors de cet épisode (transcription 2.2), l’enseignante décide d’arrêter toutes les questions des élèves et progresser dans la séance. Cette épisode est codé « épisode de gestion de la classe ». La proxémique et la kinésie de l’enseignante d’une part et son discours verbal d’autre part le montrent bien.

Cependant, on pourrait dire que l’enseignante avait décidé de ne pas répondre aux questions des élèves et donc qu’il y a bien un épisode de contenu qui relève d’un savoir. C’est l’ordre de présentation du contenu du savoir rendu possible par les questions des élèves, auquel elle ne répond pas ; elle choisit de ne pas répondre ; ne pas répondre, c’est prendre une décision sur l’organisation temporelle du savoir : ne pas répondre c’est décider. Il y a quelque chose qu’elle a décidé de ne pas faire et c’est un contenu. Dans le même temps, la façon dont l’enseignante se dirige vers le tableau, arrête la discussion et reprend la suite de sa progression représente le profil d’un épisode de gestion de la classe. Ce que nous voulons souligner par là est que le fait que cette proportion (tableau 2.3) relève des épisodes de gestion ne signifie pas qu’elle n’est pas en relation avec le savoir enseigné.

Cette répartition entre deux natures différentes peut s’annoncer comme l’existence de deux sous-valeurs au sein de la valeur « progresser ». Nous laissons cette question ouverte pour les travaux à venir.

Lors de notre codage des décisions temporelles, nous avons remarqué que l’enseignante utilise une technique de « reprise de main » pour progresser dans le savoir en reprenant la responsabilité du savoir ; le plus souvent elle se situe dans le mode du discours autoritatif. Cependant ce n’est pas le cas de la valeur « s’attarder » : l’enseignante s’attarde de deux façons différentes ; elle s’attarde tantôt en dialogique tantôt en autoritatif.