I.1.5.2 Axe Germanophone

À Francfort en Allemagne, la psychanalyste et professeur de psychologie psychanalytique Marianne Leuzinger-Bohleber dirige l’Institut Sigmund Freud où une équipe de chercheurs mène des études axées sur l’efficacité de la thérapie psychanalytique. Le travail de Leuzinger-Bohleber concerne les concepts freudiens de mémoire et de « Nachträglichkeit » (l’après-coup). À Zurich, la professeur de psychiatrie Martha Koukkou fait avec son mari, Dietrich Lehmann de la « KEY Institute for Brain-Mind Research », une recherche électrophysiologique par électroencéphalogramme sur la plasticité cérébrale expérientielle. Cette recherche montre comment, en fonction de l’état du cerveau ponctuel et de la mémoire, les processus de rappel forment les pensées, émotions et actions momentanées du sujet. Les « micro-états EEG » (« EEG microstates ») qui caractérisent l’état momentané du cerveau constituent les pièces constitutives du mental. Au final, un modèle est proposé de la façon dont un point de vue individuel subjectif se constitue au travers des pensées, des émotions, des intentions et des rêves individuels²⁵². En 1992, Leuzinger-Bohleber publie un livre sur le dialogue interdisciplinaire autour de la psychanalyse dans lequel elle fait état de sa collaboration avec Koukkou sur une approche plurielle psychanalytique-neurophysiologique de la mémoire en partant d’un cas clinique²⁵³. De 1992 à 1998 Leuzinger-Bohleber et Koukkou mènent un projet de recherche interdisciplinaire réunissant vingt psychanalystes et neuroscientifiques autour d’un effort commun à étudier la mémoire, les rêves et le traitement cognitif et affectif à partir de leurs perspectives respectives²⁵⁴. En 2003, Leuzinger-Bohleber²⁵⁵ récidive sur le thème du dialogue pluriel autour des méthodes de recherche en psychanalyse avec un livre rassemblant les développements récents en matière de recherche conceptuelle, clinique et empirique, qui par leur variété d’approches examinent chacun à leur façon de manière critique les fondements de la psychanalyse.

Très récemment, Leuzinger-Bohleber a présenté les résultats du dialogue interdisciplinaire sur la mémoire (2006²⁵⁶, 2007²⁵⁷). Le récit précis de cas cliniques lui permet de mettre côte à côte tant des données cliniques singulières que des données cognitives et neurophysiologiques universelles se corroborant dans l’affirmation que la mémoire ne peut se concevoir comme une structure de stockage mais plutôt comme fonction de l’organisme, comme un processus complexe, dynamique, recatégorisant et interactif, inévitablement intégré dans un corps (« embodied »).

À Vienne, la philosophe des sciences, psychanalyste de l’IPA et professeur à l’Institut de Philosophie à l’université Patrizia Giampieri-Deutsch est l’auteur d’un nombre de publications sur le dialogue entre la psychanalyse et les sciences et organise en particulier un travail régulier autour du thème « la psychanalyse comme science empirique interdisciplinaire »²⁵⁸. Elle rassemble ainsi des psychanalystes, des chercheurs et des philosophes autour de concepts fondamentaux tels que le traitement conscient et inconscient. Spécialiste de Freud²⁵⁹, elle répond aux cognitivistes (ex. Kihlstrom) sur le statut – psychodynamique ou non – des processus inconscients à la conference à l’Université de Vienne le 05.10.2007 sur le thème: «Dissecting consciousness with four questions ».