I.2.2.3.2 Naccache: rapport métaphorique

À l’issu du débat Neurosciences et psychanalyse du 27 mai 2008 au Collège de France Naccache déclare: «J’ai été très heureux de participer à cet événement. On risquait deux choses: le mépris réciproque ou des sortes de retrouvailles mièvres dans une ambiance de consensus mou. Nous avons évité ces deux écueils. Nous n’employons pas le même langage et nous ne parlons pas toujours de la même chose mais ce n’est pas un obstacle infranchissable. Sans agressivité, nous avons pu exposer et confronter nos travaux. Les neurosciences peuvent valoriser, redynamiser les travaux de Freud, et la psychanalyse inspirer la recherche scientifique sur la conscience. Je crois que ce colloque était à la hauteur des attentes. Une sorte de première brique.». Cette déclaration reflète bien l’ouverture et l’accueil que réserve Naccache en tant que neuroscientifique au dialogue avec la psychanalyse, ainsi que son authentique estime à l’égard de la psychanalyse: « élaborer un discours contemporain sur l’inconscient, et faire l’économie d’une discussion de la pensée freudienne relèverait, je crois, du mépris ou de l’ignorance, bref d’une forme de barbarie intellectuelle »327.

Néanmoins Naccache s’interroge: « Comment une culture neurologique et expérimentale traditionnelle, dans laquelle je me reconnais moi-même, a pu conduire Sigmund Freud à abandonner, dans la plus grande sérénité, son rapport initial aux sciences du système nerveux pour élaborer la psychanalyse?»328. Naccache lit la psychanalyse sur le versant d’une théorie qui a abandonné le lien avec les sciences naturelles, qui s’en est déconnectée. Il soutient qu’il faut faire le deuil d’une lecture neurophysiologique de la psychanalyse qui irait au-delà de la métaphore ou de l’exercice de style. Fort de ses résultats expérimentaux démontrant une complexité intellectuelle au niveau inconscient ainsi que l’absence de dynamiques motivationnelles ou de refoulement, Naccache range la métapsychologie freudienne au rang des fictions effectives. La réalité que peut représenter la psychanalyse se situe au niveau de la métaphore – de celle dont on peut se soigner – mais du fait de sa priorité thérapeutique elle ne peut informer directement sur la réalité biologique sous-jacente.

Notes
327.

NACCACHE L. (2006). Le nouvel inconscient, op. cit., p. 13.

328.

Ibid.