I.4 Hypothèses

Quelques hypothèses forment les grandes lignes directrices de ce travail. Le premier élan part de l’observation clinique que l’organisation psychique du sujet, dont la symptomatologie psychopathologique est le révélateur, suit des régularités en référence à la forme phonologique du langage. L’hypothèse est que la forme du langage serait la trace de la marque du corps sur l’esprit, en d’autres termes que «  Chez l’humain, c’est en particulier par la forme motrice de l’élocution que le corps à la fois réalise et contraint le niveau psychique .  ». L’idée que contrainte et possibilité font partie de la même dynamique fondamentale témoigne de l’inscription de ce travail dans une perspective transcendantale: là où les dynamiques psychiques se sont vues contraintes dans leur choix, nous retrouvons les marques de ce qui a rendu possible leur réalisation. Plus précisément:

L’application des logiques physiologiques de la sensorimotricité à la motricité du langage et la rencontre avec F., dont le langage aux moments de décompensation semblait être parasité, voire hanté, non d’une insistance sur le sens des mots, mais d’une insistance sur leur forme, a mené à cette troisième hypothèse:

Le second élan de ce travail part d’abord de (la frustration de ma) rencontre américaine qui me démunit d’une réflexion centrée autour du signifiant. Elle part ensuite de ma rencontre avec, en particulier, Hervé, Zacarie et Denis au centre psychiatrique de Beernem, sujets psychotiques qui, dans leurs différences, semblent avoir en commun de souffrir d’une impossibilité d’inhibition allant de pair avec un vécu violent d’intrusion du monde extérieur dans leur espace mental. Plus précisément:

Hervé et Denis en particulier suggèrent que s’il y a difficulté au niveau du ressenti de l’initiative d’action, il s’en suivrait un vécu d’invasion de l’intériorité mentale par le monde extérieur, ce qui mène à l’hypothèse que

Les tableaux cliniques conjugués aux logiques physiologiques de la sensorimotricité, mènent en outre à l’hypothèse que

L’idée serait en outre que

  • cette inhibition, pensée dans une logique sensorimotrice en tant que rendue possible par l’initiative d’action, du fait de l’avoir mise en rapport avec une clinique psychopathologique percutante, correspondrait à l’inhibition des processus secondaires et du moi sur les processus primaire dans le modèle freudien, c'est-à-dire à l’inhibition pensée dans une logique psychique.

Ce second élan inscrit alors le premier dans une perspective plus large de la dynamique d’action. La seconde hypothèse plus générale de cet ouvrage serait alors que «  C’est par la forme motrice de l’initiative d’action que le corps à la fois contraint et réalise le niveau psychique . ».