II.1.1.3 Les modèles de LeDoux et de Freud

Les données cliniques portent à penser que le traitement sémantique et le traitement affectif du langage se font en relative indépendance. Pour reprendre un exemple cité, la patiente a clairement compris la signification de la phrase « je te montrerai les sommets de la merveille » mais semble néanmoins déconcertée par l’affect lié à l’autre lecture phonologique de « la mère veille ». Le désarroi est alors faussement noué au contenu du message, c’est-à-dire à la proposition que lui fait son partenaire. Cette fausse attribution constitue un faux nouage ou Falsche Verknüpfung, tel que Freud402 l’a défini. C’est précisément cette logique de l’inconscient, comme une tension constante entre deux dynamiques — l’une sémantique, l’autre affective — à partir du même matériel linguistique, qui nous intéresse ici.

Notes
402.

FREUD S. (1894/1973). Les psychonévroses de défense. Dans Névrose, psychose et perversion, trad. J. Laplanche, Paris, PUF, p. 6. Falsche Verknüpfung y est traduit par «fausse connexion».