II.1.2.3.2 Le point de vue de Freud

La mobilisation du corps pour le vécu de l’affect est également avancée par Freud. Dans L’Inconscient, on trouve la définition suivante: « Les affects et sentiments correspondent à des processus de décharge dont les manifestations finales sont perçues comme sensations. »443. Il y a dans cette définition clairement l’idée d’un processus en deux temps: d’une part, un déchargement ou une efférence et, de l’autre, la sensation ressentie de ces décharges. Cette articulation en deux temps de l’affect apparaît encore dans le passage suivant où Freud écrit que le quantum de l’affect « correspond à la pulsion, en tant qu’elle s’est détachée de la représentation et trouve une expression conforme à sa quantité dans des processus qui sont ressentis sous forme d’affects. »444. Enfin, dans la vingt-cinquième leçon de l’Introduction à la psychanalyse, Freud articule ce qu’est un affect « dans le sens dynamique »: « Un état affectif comprend d’abord certaines innervations ou décharges, et ensuite certaines sensations. Celles-ci sont de deux sortes: perceptions des actions motrices accomplies et sensations directes de plaisir et de déplaisir qui impriment à l’état affectif ce qu’on appelle le ton fondamental. »445. Freud reprend ici la thèse défendue dans L’Inconscient où il faisait la distinction entre les excitations motrices d’une part et leur perception de l’autre.

Notes
443.

FREUD S. (1915a /1969). L’inconscient, op. cit., p. 84.

444.

FREUD S. (1915b/1969). Le refoulement. Dans Métapsychologie, op. cit., p. 55. Le quantum de l’affect est une énergie psychique, comparable à l’énergie psychique pulsionnelle, qui se manifeste qualitativement sous la forme de l’affect.

445.

FREUD S. (1916-1917/1959). Introduction à la psychanalyse, op. cit., p. 373.