II.3.3.1 L'inhibition ciblée

II.3.3.1.1 L’atténuation par copies d’efférence

Les copies d’efférence portent une information paramétrique sur la commande motrice qui a été donnée, qui permet un calcul des changements proprioceptifs anticipés au niveau des muscles et articulations correspondant à cette commande motrice. Une caractéristique importante des copies d'efférence n'a pas encore été mentionnée: ces copies ont une fonction qui va au-delà de la simple anticipation du retour sensoriel. En effet, elles permettent de calculer le retour sensoriel anticipé et de soustraire ce changement attendu de façon préemptive au niveau des cortex somatosensoriels, de façon à ce que, lors de l’enregistrement effectif de la proprioception périphérique, les valeurs somatosensorielles sont remises à zéro en d’autres termes, de façon à ce que, quand arrive ce retour sensoriel, il soit déjà atténué⁶¹⁶. C'est-à-dire qu'elles permettent, par émulation, l'atténuation préemptive du retour proprioceptif d'un mouvement auto-généré. Cette atténuation est entre autres la raison pour laquelle il est difficile de se chatouiller soi-même27. De même, on atténue l'entendement de sa propre voix par soustraction préemptif du retour du mouvement articulatoire⁶¹⁷. Il s’agit d’une organisation « en négatif » dans la mesure où la condition de base de la motricité est une activation somatosensorielle, qui est résorbée quand il y a exécution motrice et donc proprioception effective. C’est sur ce principe qu’une littérature abondante neuroscientifique⁶¹⁸ s’appuie pour l’attribution de l’agentivité: l’attribution est interne pour les actions que l’organisme peut anticiper et donc atténuer, l’attribution est externe pour les actions qu’il ne peut anticiper, ni, par conséquent, atténuer.