II.4.1.1 L’action linguistique primaire

Comme toute action, le langage s’inscrit dans le modèle psychodynamique de l’action, c’est-à-dire qu’il est traité d’une part selon le processus primaire, de l’autre selon le processus secondaire. Dans le cas du processus primaire, s’il est vrai qu’il correspond à l’activité de la voie ventrale, il devrait en résulter, premièrement, que l’action linguistique primaire réagit de façon immédiate aux caractéristiques du matériel linguistique en activant les représentations stockées qui ressemblent au matériel-stimulus; deuxièmement, que l’action linguistique primaire n’est pas concernée par la disposition, la spatialité ou les positions relatives des stimuli linguistiques; et que, troisièmement, « le langage primaire » est le plus souvent soumis à l’intervention inhibitrice du processus secondaire dans le traitement conscient du langage. Un tel langage sera donc de type associatif, il ne tiendra pas compte de l’ordre des mots dans une phrase, ni de l’ordre des lettres dans un mot, mais restera le plus souvent inconscient, sauf dans les cas où l’inhibition secondaire est levée. Cette description correspond au le langage sur le mode du processus primaire647 comme décrit par Freud: «Les représentations qui transfèrent leurs intensités l’une sur l’autre sont dans les relations les plus lâches et elles sont unies par des associations que notre pensée méprise et qu’elle n’emploie que dans les jeux de mots. Ainsi, des associations par homophonie et par assonance sont considérées comme l’équivalent des autres.» 648.

Notes
647.

BAZAN A. (2006). Primary process language. Neuro-Psychoanalysis, 8, 157-159.

648.

FREUD S. (1900/1969). L’interprétation des rêves, op. cit., p. 507. Voir aussi FREUD S. (1915a/1969). L’inconscient, op. cit. p. 97.