Imaginaire

À partir de ces descriptions, je propose de dégager une thématique constitutive de la randonnée pédestre pratiquée sur le GR20. Il me semble que les cas qui viennent d’être décrits permettent de mettre à jour un désir urbain de nature. Le fait que H1 ait eu envie de faire le GR20 dans sa totalité sans s’être équipé en conséquence, donne à voir les principaux éléments de l’imaginaire de la randonnée que produit l’univers urbain. L’écart que je pointe entre le désir et la réalité ne s’appuie pas sur une conception a priori, comme peut le faire un guide, de ce qu’est la « bonne » culture matérielle pour parcourir le GR20. En effet, lorsqu’il abandonne, au motif du poids de son sac, c’est H1 lui-même qui pointe un défaut dans sa culture matérielle. Il fait reposer le défaut qui l’empêche de réaliser son désir sur la culture matérielle. Lorsqu’il dit que son sac est trop lourd, il ne me semble pas qu’il faille le prendre au pied de la lettre, car il pointe plus le lieu du manque que sa teneur. C’est donc plutôt l’image du matériel adéquat, ou plus exactement l’image d’un soi mal outillé, qui démotive H1.

Avant de réaliser cette analyse du désir urbain, il faut préciser le sens qui sera donné au concept opératoire d’imaginaire. Dans un premier temps, je le situerai en m’appuyant sur le travail d’Arjun Appadurai (2001). Pour mon étude, l’intérêt de cet auteur tient au fait qu’il mobilise la notion d’imaginaire dans le but de comprendre les déplacements de population dans le contexte d’un monde hautement technologisé et médiatisé. Dans un second temps, je considèrerai la notion dans ses liens avec la culture matérielle et les techniques du corps, en faisant appel à l’étude de J.P. Warnier (2005). Cet auteur nous intéressera particulièrement dans sa tentative de poursuite du projet Maussien : renforcer les rapports entre la sociologie et la psychologie.