BARTHES Roland, Mythologies, Paris, Editions du Seuil, 1954. p. 187.
Pour Roland Barthes, le mythe consiste en un système second. Le signe (sens), composé du signifiant et du signifié dans le schéma linguistique, devient, dans le schéma mythique, signifiant (forme). Il est ensuite associé à un autre signifié (concept) et donne ainsi lieu à un nouveau signe (signification). Barthes prend l’exemple d’un élève qui étudierait une phrase latine dans un manuel scolaire. Si, dans le premier système, la phrase peut avoir un sens simple, elle signifie aussi, dans le second système, qu’elle est un bon exemple pour apprendre la grammaire latine. Ainsi, le signe perd le sens qu’il tirait de l’association du signifiant et du signifié, pour ne plus consister qu’en une forme, qui à son tour sera associée à un signifié (concept), afin de constituer un « méta-langage ». Au cours de ce processus, « l’histoire s’évapore », car le sens régresse en forme. Il laisse ainsi une grande place au concept, qui est inscrit dans une situation particulière, et porte une intention (être un bon exemple de grammaire). Pour Barthes, le mythe est une inflexion qui tend à naturaliser le concept. Il tend à être lu comme un système factuel alors qu’il est un système sémiologique. D’un point de vue éthique, l’auteur considère que le mythe pose problème car à travers lui, l’intention est de nier l’arbitraire du signe. Il est motivé par des intérêts idéologiques circonstanciés et vise l’instauration de valeurs incontestables.